La réanimation prend aussi en charge les urgences, état des lieux des thérapeutiques du traumatisme crânien et de l'arrêt cardio-respiratoire au CHU de Nantes.
En avril dernier, l'émission de santé de Radio Prun', I.R.M, vous emmenait dans les services de réanimation du CHU de Nantes.
L'occasion de découvrir un environnement sonore des plus particuliers. Ce reportage riche et bruyant est à découvrir en fin d'émission ( 29ème minute )
Et un deuxième reportage dès le début de l'émission ...
Ce mois-ci, on vous propose d'y retourner pour partir à la rencontre de deux médecins réanimateurs, le Dr Cédric Bretonniere et le Dr Philippe Champin. Ils ont pris en charge deux patients et nous expliquent comment se met en place la stratégie thérapeutique pour les soigner.
Le premier patient est Romain, un jeune homme de 25 ans, victime d'un accident de la route, traumatisé au crâne à cause de la projection hors de son véhicule, sa tête a reçue un choc très violent provocant une atteinte direct du cerveau. Le second patient se nomme Frédérique, un homme de 45 ans. Son cœur s'est arrêté sur son lieu de travail, un massage cardiaque et l'intervention des secours ont permis de faire repartir le cœur mais le principale organe, le cerveau, a été endommagé par la privation de sang et d'oxygène.
Traumatisme crânien, infarctus du myocarde, ces deux incidents mettent en péril un organe en commun : le cerveau.
Leur arrivée dans le service de réanimation a mis tous les soignants en mouvement pour agir vite, les premières heures comptent et des moyens importants sont mis en place, traitements médicaux, bloc opératoire, pose de cathéter, hypothermie thérapeutique, soins préventifs et curatifs en tout genre... De plus, une surveillance rapprochée est organisée, les infirmiers surveillent les pupilles des deux patients toutes les heures. Leur réactivité face à la lumière (grossissement-rétrécissement) reflète une activité cérébrale.
La tension artérielle est maintenue et l'oxygénation est assurée grâce à un respirateur branché sur la sonde d'intubation du patient. Les deux patients arrivent déjà endormis volontairement par des traitements que l'on appelle "sédatifs". Cette action a pour objectif de mettre au repos le cerveau, de gérer la tension artérielle, l'oxygénation et la multitudes de soins liés ( pansements, cathéter...). Il est dans un premier temps temporaire (premiers jours) jusqu'à la levée de la sédation pour observer ou non le réveil.
Une partie se joue avant l'arrivée en réanimation
Dans le cas de Frédérique, ses collègues de travail l'ont rapidement pris en charge en effectuant un massage cardiaque. Ils ont pu installer un défibrillateur automatique sur le torse de leur ami et continuer de masser de manière active jusqu'à l'arrivée des pompiers puis du SAMU .
Faire repartir le cœur le plus vite possible pour éviter la privation d’oxygène. "Le pronostic vital est engagé, l'accident est grave, le choc a été violent". Voila ce que l'on peut entendre de la bouche des médecins en entretien avec la famille de Romain. Pour les médecins, difficile de savoir si le patient va s'en sortir et comment. Toute l'équipe, cependant, se donne à fond et met tout en oeuvre pour avoir les meilleures chances de récupération.
Obstination déraisonnable, choix de vie, droit de mort.
Quand il est en pleine possession de ses moyens, chacun peut choisir pour lui-même. Mais lorsque l'on est inconscient, tout est entre les mains du médecin. Dans l’urgence, il faut réanimer quoi qu’il arrive,c’est le rôle du SAMU pour Romain et Frédérique. Et après? faut il poursuivre les soins quand tout semble perdu ? Apporter l’oxygène, la nourriture les traitements mais dans quel espoirs ? L’obstination déraisonnable est un terme désormais utilisé pour définir le maintien et la poursuite des traitements invasifs, douloureux et inutiles alors que l’on sait que le malade va mourir.
Pour encadrer ces cas, il existe aujourd'hui une loi : la loi Leonetti d'avril 2005. « Dans une médecine qui a beaucoup évolué sur le plan technique et permis pour beaucoup la survie, dans cette médecine très compétitive et performante, on a presque oublié le côté humain, et de jeunes médecins, en particulier attirés et séduits par le côté technique disent : « Puisqu’on peut le faire, on le fait », sans se préoccuper de savoir quel est le bénéfice que tire le malade de cette attitude thérapeutique." (Extrait de l’article L1110-5 de la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie.) La loi précise ainsi au sujet des actes médicaux : « Lorsqu'ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n'ayant d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris …» La décision engendre la responsabilité Selon la loi encore, la décision revient aux médecins et pas à la famille. Elle laisse au seul médecin la responsabilité de la décision.
"Prendre une décision de la sorte est trop difficile, rappelle le Dr Bretonniere, il ne faut pas faire naître un sentiment de culpabilité chez les proches". La responsabilité ne pèse donc jamais sur la famille, les médecins décident et les proches sont seulement consultés puis accompagnés. Il s'agit cependant d'une décision d'équipe. Tout le monde est consulté dans l’équipe soignante. Les paramédicaux d’abord (infirmiers, aides soignants). Ils ont la même approche du pronostic du malade mais pas sur les mêmes arguments: les infirmières s’intéressent beaucoup à la souffrance morale, physique, ce qu’a dit le malade ou la famille. Alors que le médecin serait plus à la recherche de critères objectifs ( imagerie, électro-encéphalogramme...). L’assemblage de toutes ces compétences différentes permet de prendre une décision éclairée. Arrêter le respirateur, administrer un sédatif, des antalgiques pour accompagner un patient jusqu'à la mort c’est de cette responsabilité là dont il est question, la seule alternative à l’obstination déraisonnable lorsque tout le monde est persuadé qu’il n’y a plus d’espoir.
*** Un reportage réalisé par Morgan Houguet au sein du service de Réanimation Chirurgicale & Brulés et le service de Réanimation Médicale Polyvalente au C.H.U de Nantes. Vous pouvez contacter l'émission santé de Prun', I.R.M via l'adresse email i.r.m@outlook.com
L’IRM de Radio PRUN est rebranché pour la 4ème saison, dans les prescriptions on retrouve des interviews qui viennent perfuser vos neurones mais pas que, des reportages qui vous plongent dans des univers sonores improbables, des chroniques à couper le souffle d’oxygène, une équipe d’animateur·trice·s porteur·euse·s de prothèse mais la tête sur les épaules.
L’émission diffusée tous les derniers samedis du mois entre 12h et 13h plonge l’auditeur au centre du corps humain, sans avoir le bras long sans se prendre la tête mais pour vous donner l’eau à la bouche , IRM joue des coudes parmi les grands et connait sa leçon sur le bout des doigts pendant 1h.
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Nunes - 29/08/2014 23h15