Subversif, provocateur, indépendant : le groupe parisien/bordelais fait figure de trublion dans le paysage musical hexagonal depuis la parution de son premier album, Sans chantilly. Il faut dire que Jaco et Alix (les deux MC's) et Mattia (le beatmaker) n'en font qu'à leur tête – et ça leur réussit. 

Refusant les étiquettes, ils n'hésitent pas à donner à leur rap des colorations jazzys ou électroniques, s'acoquinent avec la chanson. Réfutant les diktats économico-artistiques, ils montent leur propre label, Universeul (ah ah), et court-circuitent les modèles marketing traditionnels en mettant directement leur public à contribution. 

Éclectique donc, et inclassable, Odezenne grandit en même temps que sa musique, à mille lieues des clichés du rap français et de ses vains combats d'ego ; à la fois mâtures, graves et poétiques comme celles de Cabadzi, trash et absurdes comme celles de leurs potes de Salut C'est Cool, les compos d'Odezenne, servies par des punchlines imparables, vont toujours dans le sens de l’inattendu, de l’inentendu.

GRATUIT 

Programme avait lancé l'idée. L'idée d'une musique âpre et hermétique. Mais révélatrice aussi. Arnaud Michniak travaillait le son, sa structure et son sens avec une grande minutie. On retrouve cette même obsession et liberté chez Antoine Bellanger. Gratuit est seul sur scène et c'est comme un endroit clos et suave à la fois - des chansons pensées comme un happening. Des structures qui étonnent, bouleversent ou questionnent. Gratuit est parfois d'une impudeur totale mais demeure souvent fascinant.