Comme souvent, c’est via l’Angleterre que l’on découvre un Français doué. Déjà auteur d’un remix affolé/concassé de Loney Dear (My Heart) et repéré par le label cool Morning Ritual, Holy Strays fait comme si Paris était une banlieue très Sud de Londres, produisant dans l’ombre et le froid une électro laconique, reliée directement au pouls urbain, aux échos des caves et aux dancefloors patraques. Nettement plus vastes et majestueux que voudrait le laisser entendre la claustrophobie de ce trésor.

Un groupe comme un pacte de sang conclu par deux inconnus dans le sous sol d’une salle de concert. Fantasmer le futur donc, les doigts sur des synthétiseurs analogiques. Se plonger dans le noir pour oublier la tristesse des grandes villes, le froid des nights clubs et la violence des métropoles contemporaines. Composés après quelques mois d’existence, les morceaux de « Visionnaires » ont été enregistrés dans un appartement parisien aux volets fermés, le duo se cachant des rayons brûlant du soleil d’un été sans fin. Préférant les vapeurs éthyliques à un hédonisme toujours décevant, Trésors se rêvent en prophètes dans le désert de Zabriskie Point, cageolant les humanoïdes de Blade Runner et pointant du doigt les couchers de soleil de Michael Mann. Les volutes de Boards of Canada rencontrent l’urgence de Joy Division et la noirceur de John Carpenter repose parfois sur un lit disco et dark instable. La ville est une malédiction et Trésors invente des hymnes synthétiques ni ambiant ni club pour faire danser les disciples d’un mirage nouveau et passionnant.