On sait les Tourangeaux curieux, friands d'innovations et d'expérimentations. C'est ainsi qu'ils se sont frottés, ces dernières années, à la musique classique, créant des ponts surprenants entre des univers que tout oppose a priori – souvenez-vous du très symphonique Naphtaline Orchestra. Ils reviennent aujourd'hui avec Lux, nouvel album centré, vous l'aurez deviné, sur la lumière. A nouvel album, nouvelle exploration et nouveau concept : le groupe intègre à ses concerts un dispositif scénique inédit, grâce à un media server générant en temps réel des associations de mouvements, vidéos et lumières pour un spectacle hybride, fascinant. Entre finesse extatique et violence éruptive, EZ3kiel façonne ses compositions à l'instar d'un sculpteur, qui nous transportent dans un Ailleurs hypnotique et planant, foncièrement étrange parce que résolument personnel et original. Mais on le sait depuis Baudelaire : « le Beau est toujours bizarre ».

L’aube est décidément belle sur Bordeaux, dont est originaire ce garçon aux idées larges (signé sur le très libre label Animal Factory), aux belles références (Oscar Wilde, Yeasayer ou Young Magic) et aux chansons déjà très prometteuses. Dans son art tordu de la pop protéiforme, dans des chansons qui n’imposent jamais une direction univoque à leurs mélodies ou à leurs sons à géométrie variable, dans ces samples venus d’ailleurs, on entend du beau, on voit du bizarre, on perçoit des climats de science-fiction, on confronte ses vieilles certitudes à des novations rapidement obsédantes. Et, comme Dorian, on se met à rêver de monter sur des aubes radieuses pour contempler, du haut de l’atmosphère, les fermes promesses de glorieuses journées à venir.