Les autocraties modernes, avec leur obsession des frontières-verrous, ont bien pauvre et piètre mémoire, qui s'appliquent à ignorer que le nomadisme est l'état originel de l'humanité entière. Là où, au fil des siècles, nos frontières sont devenues des impasses, le nomadisme représente toujours un passage, une revendication de liberté. 

C'est au nom de cette liberté que le guitariste touareg nigérien Omara Moctar, alias Bombino, a dû fuir son pays natal lors de la rébellion touarègue de 1990 – il ne pourra revenir à Agadès que sept ans plus tard, pour y entamer sa carrière de musicien avant d'être de nouveau contraint à l'exil, après que les caciques locaux eurent décrété que la guitare, en tant que symbole de résistance, était interdite de pratique pour tout Touareg. 

Rébellion et liberté : deux principes intimement liés, que la musique de Bombino fait vibrer sur le troisième album de celui-ci, le bien-nommé Nomad, blues de dunes et d'horizons enregistré à Nashville, chez et par le Black Keys Dan Auerbach. La musique n'a pas de frontières.