Cette maison-ci n'est ni bleue, ni celle du soleil levant, et se trouve encore moins au milieu de la rue – c'est une petite bicoque, chaleureuse et accueillante, comme négligemment jetée sur un bout de plage désertée. Une maison où l'on aime prendre son temps, et le perdre à rêver, loin des stridences hystériques de l'hypermodernité. C'est ainsi que le duo de Baltimore conçoit, depuis déjà plus de dix ans, sa démarche artistique, sorte de capsule temporelle, autant refuge qu'outil d'exploration. 

 Car si sa pop atmosphérique, inlassablement et humblement tricotée maille après maille, se déploie, au fil des albums, dans une continuité harmonieuse, elle révèle dans un même temps et à force de ciselages et de touches impressionnistes, de nouvelles facettes mélodiques à la légèreté gracile et ouatée ; tantôt intimistes, tantôt plus solennelles, mélancoliques souvent. Visiblement en veine d'inspiration, Beach House a fait paraître deux albums coup sur coup en 2015 (Depression Cherry et Thank Your Lucky Stars), retours à l'épure initiale, tout de langueurs somnambuliques et de douceur hypnotique. 

Fermez les yeux : vous êtes sur la plage, à la maison.