Nantes et l'Euro 2016 !
Alors que le début de l'Euro approche à grand pas, retour sur un sujet qui avait été fortement incompris à l'époque mais qui parait de plus en plus évident aujourd'hui, la participation de Nantes à l'Euro 2016 de football.
La question reste sur les lèvres et continue de faire parler alors que l'on approche grandement du début de la compétition. Pourquoi aucun match n'aura lieu dans une ville qui possède le 6ème plus gros stade de Ligue 1, dont l'équipe professionnelle évolue elle-même dans ce dit championnat, et surtout, alors qu'elle est la 6ème ville la plus peuplée de France ainsi que la plus importante de l'ouest.
Plusieurs hypothèses sont apparues peu après le refus de la municipalité d'accueillir cet évènement. Beaucoup ont rejetés la faute sur Jean-Marc Ayrault. Rassurez-vous, la décision qu'il prit en cette année 2009 est plus que justifiable.
Les normes UEFA en cause !
Plusieurs facteurs rentrent en compte. Tout d'abord, quand une ville entre en course pour accueillir un évènement comme celui-ci, l'UEFA intervient (en tant qu'organisatrice), et donne un cahier des charges que doit remplir le stade.
Dans notre cas, l'organisation, aujourd'hui dirigée par Michel Platini, estimait les travaux pour la Beaujoire à 100 millions d'euros. Évidemment ce cahier des charges fut directement mis en cause dans le monde du foot. Pour information, c'est la moitié du prix de l'Alliance Riviera (Nice, 35000 places, 200 millions d'euros), un tiers du Stade Pierre Mauroy (Lille, 50000 places, 300 millions d'euros) mais surtout, 30 millions d'euros de plus que la rénovation du stade Geoffroy-Guichard à Saint-Étienne, qui fêtait pourtant ses 80 ans au moment du lancement des travaux.
En gros l'UEFA voyait large pour cette rénovation à prix d'or d'un stade qui avait alors moins de 30 ans et qui avait déjà été rénové en 1998 ainsi qu'en 2007. On se doute bien que ces modifications n'étaient pas destinées, en tout cas très peu, aux tribunes Erdre et Loire, dont l'une est pourtant le moteur du stade. En effet presque la moitié du budget était avalé rien que dans la tribune Présidentielle. Loges, vestiaires, etc, tout y passait. Si un gain de capacité était prévu, il se situait entre le minime et le ridicule.
Les joueurs et les supporters peu concernés !
Une étude menée par Sportfive pour la ville de Nantes, confirmait les dires de l'UEFA en présentant une facture de 80 millions d'euros. Pour seulement quatre matches de poules. Ainsi l'étude préconisait une restructuration et un agrandissement de la tribune Présidentielle, accompagné par des aménagements des niveaux sportifs, des salons, des loges et de quelques modifications d'accès pour un total de 40 millions d'euros.
Une confirmation donc, que la moitié du budget passait dans une tribune dont les vestiaires avaient pourtant été refaits en 2007 pour la Coupe du Monde de rugby. 10 millions étaient prévus pour la tribune Océane, qui avait aussi le droit à sa restructuration ainsi qu'à l'ajout de locaux et de salons. Une fois de plus des aménagements qui ne profitaient que très peu aux supporters.
Au niveau des tribunes Erdre et Loire, on procédait à la couverture arrière des virages, ce qui n'était certes pas une mauvaise idée, ainsi qu'à des travaux d’étanchéité et à un remplacement des sièges pour à peine 6,5 millions d'euros, pour des tribunes qui accueillent pourtant le plus de spectateurs tout au long de l'année. Enfin, la mise en conformité des buvettes et sanitaires, la création de quatre mâts d'éclairages (pour les retransmissions télévisuelles), un abaissement de la pelouse, ainsi que des compléments de vidéosurveillance, sonorisation, sécurité incendie, éclairage et des aménagements temporaires, montaient la facture à 80 millions. Une facture dont l’État semblait très peu enclin à payer une partie, ce qui ne faisait que confirmer la décision du désormais ex-député-maire de Nantes.
Une facture exorbitante !
Malgré cela, François Pinte, conseiller municipal de l'époque, voyait en cette non candidature : "une occasion loupée pour Nantes de montrer qu'elle peut organiser un évènement sportif européen d'envergure". Visiblement il était l'un des seuls qui paraissait heureux de régler une telle facture. Car même si une partie aurait pu être prise en charge par diverses collectivités (région, département, métropole), sachant en plus que la Ministre des Sports de l'époque, Rama Yade, n'avait pas l'air très motivée par le sujet, le gros de cette somme aurait donc été à la charge du contribuable.
Sans compter que divers autres projets seraient sûrement passés à la trappe (base nautique, rénovation du Palais des Sports de Beaulieu, stade d'athlétisme ou encore Hall XXL). Évidemment peu de personnes auraient été emballées de voir les impôts locaux subir une énorme augmentation pour payer un stade qui accueillerait seulement quatre matches de poules.
Cela ne remet aucunement en cause la nécessité de rénover le stade de la Beaujoire. Une pétition est même en ligne depuis le début du mois afin que quelques améliorations soient apportées à un stade qui voit beaucoup de nouveaux congénères sortir de terre. Concernant l'Euro 2016, cette non candidature laisse un trou béant dans l'ouest de la France alors que les villes sélectionnées semblent toutes se regrouper par deux géographiquement : Lille-Lens, Paris-Saint Denis, Nice-Marseille, Lyon-Saint Etienne et Bordeaux-Toulouse.
Pour les plus malheureux, les bleus feront tout de même un arrêt à Nantes pour un match de préparation en mai 2016. Certes nous n'accueillerons pas cette compétition de football, mais c'est le hand et l'équipe de France qui viendront nous rendre visite pour le Mondial en 2017 au Hall XXL, afin d'y défendre son titre acquis au Qatar. On ne peut pas tout avoir.
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Article réalisé par Corentin Pingeon
Publication : Samedi 07 Mars 2015
Illustration : Vue aérienne du Stade de la Beaujoire
Crédit photo : Info-Stades