Lulu femme nue, ode iodée à l'évasion
Etouffée par son quotidien, Lulu, la quarantaine, s’offre une bouffée d’air frais sur la côte vendéenne. Karin Viard, sublime, rayonne sur ce vent de liberté.
Solveig Anspach signe ici un film intimiste, tiré de la bande-dessinée éponyme d’Etienne Davodeau.
Quinze ans après « Haut les cœurs », elle retrouve son interprète fétiche, qu’elle débarrasse de tout artifice, de tout superflu, pour nous livrer une Karin Viard sans fard, à nue, qui donne un souffle inattendu à cette histoire d’évasion improvisée.
La cinéaste Emmanuelle Bercot, il y a quelques mois, dans le film « Elle s’en va », faisait prendre le large dans un road-movie fantasque et attachant à une Catherine Deneuve lassée de sa vie.
Rien que pour cela, pour cette possibilité qu’offrent ces cinéastes aux femmes de (re)prendre leur destin en main, ce cinéma français, teinté de réalisme social et d’empathie, mérite le détour.
Les rencontres de la liberté
Lulu, elle, est en quelque sorte une cousine de cette femme fatiguée. Elle qui, après un énième entretien d’embauche raté, décide sur un élan salvateur de tout larguer quelques jours, mari, enfants, maison, pour se prendre le temps, enfin, de goûter à la vie et de penser à elle.
D’abord un peu perdue par tout ce temps dont elle dispose soudain, Lulu savoure les rencontres que la liberté lui offre : un amoureux croisé sur la plage et ses deux frères adorablement déjantés, une jeune fille humiliée, une vieille dame solitaire, à la franchise irrésistible.
Une ode à l'égoïsme... nécessaire
Porté par un casting trois étoiles et la beauté des plages de Saint Gilles-Croix-de-vie, la gentillesse sincère de Bouli Lanners, la verve mordante de Claude Gensac, la compréhension apaisante de Marie Payen, font de ce film simple une ode à l’égoïsme éphémère, mais nécessaire.
Solveig Anspach filme ses personnages avec une douceur attentionnée. De loin, subtilement, la cinéaste contemple l’éclosion de cette femme triste qui touche enfin du doigt un bonheur mérité.
A travers Lulu, elle appelle à penser à soi, à parfois prendre le temps de se sortir d’un carcan de vie trop étriqué, à ne pas oublier, surtout, que la solitude n’est qu’un prélude aux rencontres.
A l'occasion d'une avant-première à Nantes, Elsa Gambin a rencontré et interviewé l'équipe du film: Solveig Anspach, la réalisatrice, Etienne Davodeau l’auteur de la BD et la comédienne Karin Viard . Une interview à retrouver ci-dessus.
Lulu femme nue, un film de Solveig Anspach, à découvrir au Katorza, à l’UGC et au Gaumont.
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Article réalisé par Elsa Gambin
Publication : Jeudi 23 Janvier 2014
Illustration : Photo extraite du film Lulu femme nue
Crédit photo : film Lulu femme nue