L'humeur de la semaine : le mal-logement
La fondation Abbé-Pierre a livré son rapport sur le mal-logement en France.
Ça y est, les chiffres du mal-logement viennent de tomber et à défaut d'avoir un gouvernement qui s'occupe lui-même de ces chiffres, c'est la Fondation Abbé-Pierre qui, comme chaque année depuis 20 ans, dresse l'état des lieux du mal-logement made in France.
Et le chiffre clef, celui qui pique, celui qui fait mal, celui qui gêne : c'est 3.5 Millions.
3.5 Millions c'est le nombre de personnes mal-logées aujourd'hui en France. Néanmoins, si « l'on considère tous les ménages fragilisés à court ou moyen terme par la crise économique, ce sont plus de 10 M de personnes qui sont touchées par la crise du logement » nuance Patrick Doutreligne le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
Mais attention, ce chiffre est à prendre avec des pincettes puisqu'on ajoute aux 3.5 Millions de mal logées toutes les personnes en situation de loyer impayé ou en surnombre par rapport à la surface de leur habitation.
Et comme si cela ne suffisait pas, le regard de la société sur la pauvreté s'est durci au fil des années. « Alors qu'il y a trente ans une forte majorité des Français estimait que le chômage et la pauvreté étaient la conséquence d'une injustice sociale, l'opinion est aujourd'hui plus clivée, avec une bonne moitié convaincue que cette exclusion est de la responsabilité individuelle » a analysé Nicolas Duvoux, sociologue à l'université Paris Descartes.
Lors de l'hiver 2013-2014, le 115 a reçu 355 000 demandes d'hébergements alors qu'il ne dispose que de 140 00 places d'urgences ce qui rend la tâche des bénévoles compliquée et un sentiment d'impuissance est régulièrement avancée par ces acteurs sociaux.
Quand on sait que l'INSEE recense près de 2.29 millions de logements vacants, on a du mal à imaginer qu'il n'existe pas de solution pour lutter contre le mal-logement. Bien sûr que sur ces 2.29 Millions de logements vacants la majorité est insalubre et inhabitable, mais les associations comme le DAL (Droit Au Logement) ne réclament que 100 000 réquisitions.
D'ailleurs, ces réquisitions n'ont rien de nouveau. L'ordonnance du 11 octobre 1945 prévoit la réquisition des logements vacants pour faire face à la pénurie de logement d'après-guerre. Le local doit être vacant depuis au moins 8 mois et une indemnité est prévue pour le propriétaire.
En décembre 1994, Jacques Chirac, alors maire de Paris, avait appliqué l'ordonnance de 1945. Il réitère l'opération après sa victoire à l'élection présidentielle.
Rien d'insurmontable pour le gouvernement d'aujourd'hui...
Avec le lobby des assurances, celui des propriétaires et des agents immobiliers qui empêche d'encadrer les loyers, difficile de se faire entendre lorsqu'on fait partie des 3.5 Millions de personnes mal logées en France. La solution proposée par Sylvia Pinel, ministre du logement, consiste à mobiliser 105 Millions d'euros sur trois ans pour proposer des hébergements alternatifs. Mais encore une fois, on a du mal à comprendre comment 105 Millions d'euros sur trois ans pourrai régler le problème du mal-logement...
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Article réalisé par Louis Scocard
Publication : Mercredi 18 FéVrier 2015
Illustration : L'un des 140 000 SDF de France.
Crédit photo : CréaPhil