[Levitation France] : Enchantement psychédélique
Comment un animateur de Prun' s'est rendu au festival Levitation (France hein, le Texas, ce sera pour l'an prochain), les 20 et 21 septembre... et n'est toujours pas redescendu !
Se dressant fièrement face au château d’Angers, de l’autre côté de la Maine, sur les berges, le théâtre le Quai, haut lieu culturel Angevin dénote avec le paysage, encore plus quand des sons lourds s’échappent de son antre. Aux abords du lieu, une foule polyglotte aux allures tantôt psyché tantôt rock… Pas de doute nous sommes bien à Levitation.
Natif d’Angers, c’est la première fois que je participais au Levitation France. Pourquoi préciser France ? car c’est un festival qui a vu le jour à Austin, au Texas. La version angevine est son cousin européen, dont c’était le 7ème édition, cette année. La programmation semblait surréaliste, tant elle était parfaite.
Un dédale dédié au psyché
Ce festival organisé conjointement par Le Chabada et Radical Production est impeccablement rodé. Bien que le lieu puisse sembler inadapté, l’ambiance globale prend vite le dessus et on s’amuse à redécouvrir l’espace aux grès des différents spots aménagés pour l’occasion. Un dédale dédié au psyché : deux scènes, la première confinée dans une salle et où l’obscurité permet une immersion totale dans les concerts, la seconde dans le hall d’entrée du Quai, avec son immense façade vitrée et son plafond culminant à plus de 10 mètres.
Il y a également deux terrasses, l’une qui donne sur la Maine, l’autre plus intimiste se cache dans les backstages du théâtre. De nombreux stands de bouches de tous types, des bars, du merch’, et enfin un atelier de sérigraphie angevin Fishbrain !
Tout a été pensé pour que les festivalier·e·s voyagent au sein de ce lieu. Malgré l’affluence, on n’est pas à l’étroit. C’est vraiment agréable d’entendre un panel de langues différentes, et de croiser différents styles.
Immersion auditive intense
Côté programmation, je n’ai pu assister qu’à la soirée de samedi, mais c’était déjà énorme. Arrivé au début de la soirée, je manque de peu le groupe TVAM qui me semblait être une très bonne mise en bouche, dommage, ça jouait fort et le peu que j’ai pu capter depuis l’extérieur était prometteur. En tout cas, en version studio c’est puissant.
Mon premier concert fut finalement en compagnie de Vanishing Twin, un groupe aux influences diverses, qui peut se targuer d’avoir une composition internationale. Ils servent une pop psyché aux influences krautrock, électronique et jazz. C’est planant et on est vite envoûté·e·s par l’univers que le groupe parvient à créer. L’ensemble est harmonieux et les musicien·ne·s sont manifestement content·e·s d’être là.
A la fin de ce concert, juste le temps de prendre une bière, pour filer sur la scène intimiste dont je parlais en amont. Il fait sombre, la scène est éclairée par un fond lumineux rouge tamisé, il s’en dégage une chaleur et une sensation un peu étouffante. Cette mise en scène n’est pas là par hasard puisque Les musiciens de France, c’est le nom du groupe, s’apprêtent à livrer une performance musicale étonnante.
Seul le batteur est visible sur la scène, les deux autres musiciens, respectivement un bassiste et un joueur de vielle à roue sont dans la fosse (on aperçoit le manche de la basse dépasser du premier rang). Je sais que cela va être une expérience. Un rythme de batterie qui ne varie pas ou très peu, des sonorités aiguës et graves s’ajustent à cette rythmique. C’est lent, violent et fort. Voici le drone à la française … une immersion auditive intense accentué par cette mise en scène. Beaucoup de personnes ne semblent pas apprécier. De mon côté je suis littéralement absorbé.
Après cette capsule, il me faut un peu de temps pour redescendre. Mon écocup’ étant vide, je me dirige naturellement vers la source de houblon la plus proche, et choisi de me rendre sur la petite cour intérieur du quai, que les organisateur·trice·s ont aménagée de structures, canapés, tables, et d’un bar. J’en viens à me demander quelle est la proportion de tatouages au mètre carré, tant le public présent arbore un look mêlé de garage, punk, psyché… Tout ce petit monde participe à l’ambiance globale du festival, et ce n’est pas pour me déplaire.
Un voyage en Levitation
A peine servi, il est temps de retourner sur la scène, à l’entrée, où les premiers accords de Frankie and the witch fingers se font entendre. Bien que le début de ce concert me paraisse un peu mou, l’effervescence ne tarde pas à arriver. Pour ne redescendre qu’à la dernière salve de riff du set. Quelle énergie ce groupe ! Les musiciens sont tous déchaînés, ça bouge dans tous les sens, les instruments finissent dans des positions improbables. C’est puissant et le public semble rentrer définitivement dans la soirée. Ces gars exploitent la définition du Live. Bonne claque.
Décidément mon écocup’ semble percée tant je me retrouve après chaque concert à devoir le remplir ! Un passage furtif au bar pour une Piautre IPA (bière locale), alors que je m’aperçois qu’une vague de festivalier·e·s se dirige sur l’autre scène où le concert de Derya Yildrim & Grup Simsek va commencer. Je suis le mouvement, et arrive à me faufiler dans la salle comble. Je ne tarde pas à comprendre la raison de cet engouement soudain. A peine les premières notes jouées, la vision des musiciens et de Derya Yildrim, la chanteuse, me transporte dans un univers psychédélique au cœur de la Turquie. Tout est cohérent musicalement et le chant est envoûtant. Il y a ce côté traditionnel porté par le Bağlama ou Saz (luth turc) et les sons plus électrifiés du synthé et de la guitare. Je commence à comprendre pourquoi le festival s’appelle Levitation tant les artistes présents offrent un voyage musical. Je ressors du concert avec un large sourire et j’ajoute le groupe à ma playlist Spotify.
Un autre voyage m’attend désormais, et il sera culinaire. L’heure tourne et mon estomac semble lui aussi vouloir participer à la fête. Tant mieux, les nombreux stands de nourriture offre un choix large aux influences variées, à l’image du festival. Mon choix se portera sur un Mafé végétarien avec beaucoup de piment. Me voilà prêt à continuer l’expérience Levitation, j’assiste rapidement aux concerts du Villejuif Underground et de Mystic Braves qui, bien que sympathiques, ne m’évoquent rien de transcendant et de vraiment original.
LE concert de la soirée : King Khan’s louder than death
C’est à ce moment-là que tout a basculé. Ayant écourté le set de Mystic Braves, je me retrouve proche de la scène pour le concert à venir. Ce sera pour moi LE concert de cette soirée. King Khan’s louder than death, ou comment mon cerveau s’est mis en mode WTF à l’arrivée sur scène de ce personnage qu’est King Khan. Affublé d’un cycliste où trône une sorte de coquille qui fait penser aux ceintures trophées de catcheurs, d’une casquette de Policier, d’une veste à patch en jeans, en enfin d’un ventre où l’on pourrait poser des bières sans les renverser. Le reste du groupe semble tout aussi barré, ça commence fort, très fort ! Du punk bien salace et politiquement incorrect, mais tout de même porteur de messages. Je ne peux m’empêcher de penser à NOFX, même si c’est très différent.
Les chansons s’enchaînent, les musiciens sont en nage, les slams et pogos ne s’arrêtent pas. C’est putain de bon ! Je suis devenu fan en moins de trois minutes tellement tout est charismatique. Le micro passera furtivement dire bonjour aux fesses du chanteur en fin de concert, une conclusion en beauté. Foncez vous renseigner sur cet artiste et les membres du groupe, c’est tout bonnement incroyable.
Après ce sketch, difficile de retourner à autre chose, j’assiste à la fin du set de Nigth Beats, qui pour le peu que j’ai pu voir était très cool. Puis vint l’exclu de Lévitation, avec L’Epée. Une rencontre entre Anton Newcombe de the Brian Jonestown Massacre, The Liminanas et Emmanuelle Seigner. Bon… que dire… Et bien pas grand-chose. Je n’ai pas trouvé de réel intérêt dans la musique, ni dans le chant… Déso pas déso !
Je ne reste pas pour It It Anita que j’avais pu voir récemment et décide donc de rentrer, la tête pleine de découvertes et d’images : « Non King Khan pas ici le micro ! » Parmi les groupes que je n’aurais pu voir ou revoir Frustration, Mattiel, Black Midi, Iceage, The Warlocks auraient certainement été tops.
Le Levitation est une expérience à vivre, ce projet est vraiment excellent et je remercie les organisateur·trice·s. Je crois même être fier qu’il ait lieu à Angers. Un brin de chauvinisme ne fait jamais de mal ! Laissez-vous tenter et happer par Lévitation, c’est surprenant.
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Texte orignal : Aurel Revu et corrigé : Agathe
Article réalisé par Constance Bénard
Publication : Mardi 08 Octobre 2019
Illustration : Levitation France