Les temps de la radio
LCP diffuse actuellement un documentaire de Paul-Stéphane Manier sur la genèse du média radiophonique. Présenté par le journaliste Jean-Pierre Gratien et ses invités, l’ascension de la radio y est retracée.
L’essor des ondes
Comme il est souligné dans ce documentaire, la radio a multiplié les échanges et a libéré la parole. Dans les années cinquante, c’est même la principale source de divertissement. Une émission rencontre à cette période un franc succès, « quitte ou double » animée par Zappy Max. Elle est diffusée sur radio Luxembourg, aujourd’hui appelée RTL. Le 29 mars 1952, un invité bien particulier va bouleverser l’émanation de ce média. Cet invité, c’est l’abbé Pierre. Des personnalités, comme ce prêtre catholique, souhaitent toucher les gens et provoquer des manifestations contre la misère.
La radio est donc un excellent moyen d’agir. En 1954, une femme meurt de froid dans la rue. Excédé, l’abbé Pierre lancera cet appel historique : « Mes amis, au secours. Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Il faut que ce soir même dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent et qu’on lise ces simples mots : toi qui souffre qui que tu sois entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t’aime ». Ses propos auront un retentissement inimaginable.
Quelques heures après ces mots scandés sur les ondes, la gare d’Orsay est assaillie de personnes amenant sacs de nourritures et de vêtements. En quelques jours seulement, 8 millions d’euros seront récoltés. La radio contribuera alors aux grandes causes à défendre.
De Salut les copains aux prouesses techniques
Outre les actions solidaires et citoyennes, un autre programme marque à tout jamais l’histoire de la radio en 1959 avec l’émission Salut les copains. L’audience de cette émission sera estimée à 5 millions de jeunes ! C’est un vecteur essentiel pour des artistes, à l’image de Johnny Hallyday qui s’est fait connaître grâce à cela.
Le sociologue Edgar Morin leur donnera même un nom : les « yéyés ». Cette effervescence, aidée et impulsée par le média radiophonique, va affirmer la période transitoire entre l’enfance et l’âge adulte. L’époque est à la découverte. Jean-Marie Périer, journaliste et photographe, perçoit les grandes différences entre hier et aujourd’hui :
« il y avait un grand besoin de rire et de faire du bruit de la part de ces jeunes gens. La radio a insufflé un nouvel état d’esprit avec une envie de revendication. À présent, les gens ont peur. Ils ont même peur d’avoir peur. Rien à voir avec l’époque ».
Les années soixante marquent également les grandes évolutions techniques avec les transistors et les magnétophones portables. Pour la première fois, la radio interfère en direct avec la réalité. Grace au Nagra (premier magnétophone à bande magnétique), les journalistes peuvent couvrir de nombreux événements, comme les déferlements de foules de mai 1968. Les montages de cet appareil ne permettent pas la censure.
Nouvel élan pour le média, le départ du général Charles de Gaulle et l’arrivée de Jacques-Chablan Delmas, qui supprime le ministère de l’information et par la même le ministère qui contrôle la radio et la télévision. Puis, l’éclatement de l’ORTF marquera le début de la concurrence. Enfin, la loi du 29 juillet 1982 déclarera la communication audiovisuelle libre.
Les femmes de la radio
La radio marquera de nouveau son temps par l’éducation qu’elle aura auprès des citoyens. Des journalistes, à l’image de Ménie Grégoire, s’intéresseront aux problèmes qui touchent tout le monde. À l’époque, cette libre antenne permet aux auditrices d’écrire des lettres lues par l’animatrice et son assistante. Cette émission est prépondérante sociologiquement et contribuera même à la recherche. À l’image de Caroline Dublanche sur Europe 1, Ménie Grégoire écoute et conseille.
Autre figure féminine importante : Françoise Dolto. En 1976, cette femme médecin psychiatre apparaît sur les ondes de France Inter avec des chroniques régulières. Les parents vont alors découvrir ce qui se passe chez leurs enfants. Les travaux de Françoise Dolto, datant de 1935, seront alors révélés 35 ans plus tard au grand public. Ses collègues disaient d’elle qu’« elle rendait les gens qui l’écoutent intelligents ».
Marquer une émission dans son temps
Jérôme Garcin, journaliste et présentateur de la très célèbre émission « Le masque et la plume », exprime ce qui peut inscrire une émission dans le temps. Il l’expose ainsi :
Le sociologue Edgar Morin leur donnera même un nom : les « yéyés ». Cette effervescence, aidée et impulsée par le média radiophonique, va affirmer la période transitoire entre l’enfance et l’âge adulte. L’époque est à la découverte. Jean-Marie Périer, journaliste et photographe, perçoit les grandes différences entre hier et aujourd’hui :
« il y avait un grand besoin de rire et de faire du bruit de la part de ces jeunes gens. La radio a insufflé un nouvel état d’esprit avec une envie de revendication. À présent, les gens ont peur. Ils ont même peur d’avoir peur. Rien à voir avec l’époque ».
Les années soixante marquent également les grandes évolutions techniques avec les transistors et les magnétophones portables. Pour la première fois, la radio interfère en direct avec la réalité. Grace au Nagra (premier magnétophone à bande magnétique), les journalistes peuvent couvrir de nombreux événements, comme les déferlements de foules de mai 1968. Les montages de cet appareil ne permettent pas la censure.
Nouvel élan pour le média, le départ du général Charles de Gaulle et l’arrivée de Jacques-Chablan Delmas, qui supprime le ministère de l’information et par la même le ministère qui contrôle la radio et la télévision. Puis, l’éclatement de l’ORTF marquera le début de la concurrence. Enfin, la loi du 29 juillet 1982 déclarera la communication audiovisuelle libre.
Les femmes de la radio
La radio marquera de nouveau son temps par l’éducation qu’elle aura auprès des citoyens. Des journalistes, à l’image de Ménie Grégoire, s’intéresseront aux problèmes qui touchent tout le monde. À l’époque, cette libre antenne permet aux auditrices d’écrire des lettres lues par l’animatrice et son assistante. Cette émission est prépondérante sociologiquement et contribuera même à la recherche. À l’image de Caroline Dublanche sur Europe 1, Ménie Grégoire écoute et conseille.
Autre figure féminine importante : Françoise Dolto. En 1976, cette femme médecin psychiatre apparaît sur les ondes de France Inter avec des chroniques régulières. Les parents vont alors découvrir ce qui se passe chez leurs enfants. Les travaux de Françoise Dolto, datant de 1935, seront alors révélés 35 ans plus tard au grand public. Ses collègues disaient d’elle qu’« elle rendait les gens qui l’écoutent intelligents ».
Marquer une émission dans son temps
Jérôme Garcin, journaliste et présentateur de la très célèbre émission « Le masque et la plume », exprime ce qui peut inscrire une émission dans le temps. Il l’expose ainsi :
« Le parler vrai et le côté spectacle et comédie. Une émission peut devenir une petite mythologie nationale là où les français se reconnaissent ».
À cela, le réalisateur de ce documentaire ajoute :
« Parler de ce qui concerne d’auditeur, ce qui l’éveille, ce qui l’émeut et le sensibilise, ce qui le rend intelligent. La radio peut être populaire, culturelle, musicale, informative, peu importe. Elle doit s’adresser, par-delà les ondes, à des personnes et à des esprits. Pour cela, tous les temps sont possibles ».
Et c'est ce qu'une radio comme Prun' tente de faire tous les jours ! Présenter le monde et inviter les personnalités curieuses à nous écouter et même à nous rejoindre. Pour apprendre ensemble et veiller à rester vigilant. Aller à la rencontre de l'autre et, comme le disent ces hommes, sensibiliser l'auditeur.
Bon documentaire !
http://www.lcp.fr/emissions/270940-les-temps-de-la-radio
Informations complémentaires :
. La théorie des yéyés (influences)
. Mon nagra et moi : souvenir émue d’une reporter radio
. La théorie des yéyés (influences)
. Mon nagra et moi : souvenir émue d’une reporter radio
chronique / télévision / radio / documentaire
Article réalisé par Marie Cécile Delahais
Publication : Vendredi 06 Mai 2016
Illustration : Visuel programme "Les temps de la radio"
Crédit photo : LCP
Delahais - 14/05/2016 13h25