Pitchfork Music Festival à Paris : la sélection électro pop automnale
Pour sa quatrième édition parisienne, le Pitchfork music festival à la Halle de la Villette réunit comme chaque année le gratin de la pop électro indépendante. Cette édition est marquée par des performances, émotions et quelques couacs.
La quatrième édition du festival de la Halle de la Villette, dédié aux musiques tendances du moment de la scène électro pop indépendante, s'est déroulée du 31 octobre au 1er novembre.
C'est la nuit bien tombée que ce jeudi 31 octobre, je foule les pavés parisiens jusqu'à la Halle de la Villette illuminée par une fontaine juste devant. Arrivé sur place, le lieu offre un espace très respectable, avec deux scènes de concert qui se font face et qui voient se succéder les groupes en alternance. Sur les côtés, aux étages, l'on trouve des espaces dédiés aux partenaires commerciaux du festival. Il faut savoir que les deux journées de vendredi, samedi affichent complet. Le public, je l'ai déjà compris, est majoritairement composé de teenagers, étudiants branchés, parisiens ou anglo-saxons, biberonnés à la brit pop. On déplorera les caisses à jetons qui nous font patienter et consommer peut-être de manière un peu forcée. Mais peu importe, la musique est là...
Jour 1 : sérénité, calme et volupté
Et elle commence pour moi plutôt bien cette première soirée, avec Notwist, le groupe rock-electro-instrumental allemand qui, après les avoir déjà vus à Nantes (Stéréolux) cette année, nous délivre à nouveau un beau show, plus puissant cette fois, servi par une technique maîtrisée. Le titre-phare Boneless est repris avec plaisir par le public.
Mogwai, un des groupes phares de la scène post rock actuelle, fait ensuite son entrée sur scène avec une belle déco de fond, ses déflagrations et guitares saturées qui montent en intensité comblent la Halle.
Puis, c'est non sans impatience que j'attendais Jon Hopkins. Quoi de mieux que sa musique relaxante pour finir cette première journée festivalière ? Le dj allemand ne m'a pas déçu. Comme lors de Scopitone 2013 à Nantes, appuyé par un fond visuel qui oscille au rythme de ses changements de réglages sonores, la technique est irréprochable, les sonorités hypnotiques. Jon Hopkins entraîne progressivement son public dans une transe sans retenue ! Le titre Breathe This Air reprend un des jolis clips du dernier album où une jeune femme est mise en scène en personnage principal.
Nous quittons la Halle au moment où James Blake, le songwriter prend place sur scène. Et oui, bien que nous ne contestions pas son talent vocal, sa musique en clôture de cette première soirée, n'est pas propice à de grands déchaînements pour le public. Première faute de programmation pour une fin de soirée que l'on attendait plus énergique !
Jour 2 : soirée Halloween avec Future Islands et pop électrisante
Vendredi, c'est la soirée Halloween et le programme s'annonce non pas effrayant mais excitant... je choisis ainsi d'assister à une partie conséquente des concerts prévus.
Son Lux en sera le premier de la liste. Un trio batterie-guitare-chant et piano synthé entre dans le feu de l'action rapidement, ils alternent entre l'électro-rock puissant, strident et les moments piano-synthé mélodieux. Son chanteur sait facilement fendre le silence par sa voix hautement perchée, la performance scénique est énergique avec quelques bondissements récurrents de son guitariste.
Halloween party c'est ensuite avec Future Islands qui nous arrive tous déguisés. Le groupe nous délivre une des plus belles performances scéniques du festival avec ce diable de Samuel Herring, chanteur-vampire pour l'occasion. Sautillant dans tous les sens tel un boxeur prêt au combat, sa pop synthétique musclée et sa voix de crooner façon Joe Cocker, emporte définitivement un public qui commence à s'agiter fortement. Le titre Doves de leur dernier album Singles, sera joué deux fois lors du live et le vampire transpirant finira au cœur d'une foule conquise.
Mø, la chanteuse danoise pop electro, poursuit la soirée Halloween en arrivant sur scène grimée au visage d'un maquillage cadavérique. Le reste s'avère assez fade. Assistée par une technique visuelle déplorable (que fait la régie du festival sur le fond d'écran mal calibré ?) et des acolytes faisant de la figuration, elle n'existera que grâce à de beaux coups de queue de tresse tournoyants et des petits mouvements nerveux de jambes arquées, avant.... de finir toute proche de moi, chanceux que je suis, en slammant dans la foule pour son dernier morceau.
C'est alors au tour de St.Vincent de prendre place, la chanteuse pop rock a toujours autant de charisme sur scène comme j'avais déjà pu le constater la dernière fois à Porto cette année. La magie n'a cependant pas opéré une seconde fois chez moi, car la mécanique (même chorégraphique) reste identique. Pas de surprise donc.
Je termine ma soirée en compagnie de Belle and Sebastian. Ce groupe dégage une vraie fraîcheur. Il est entouré d'un bel orchestre classique (violon, violoncelle), d'un guitariste assez adroit. De bonnes balades qui nous conduisent parfois au beau milieu des seventies (disco), une prestation énergique de deux à trois chanteurs qui se relaient.
Jour 3 : l'oxygène Foxygen, la révélation Jungle et le virage clubbing de fin de nuit
Le dernier jour du festival, samedi, est plus riche mais aussi plus électro. Nous n'en verrons finalement qu'une bonne moitié des groupes annoncés. La journée commençant dès 16h30 pour s'achever au petit matin vers 6h en compagnie de Kaytranada.
Le premier acte scénique de la soirée sera pour moi Foxygen et quelle claque ! Si les véritables âmes rock ne se font pas trop présentes dans cette programmation festivalière, Foxygen aura prouvé par sa performance déjantée qu'il peut encore ébranler le public le plus hipster qui soit. Son chanteur, torse nu, aux faux airs d'Iggy Pop, invoque des mélodies à la Rolling Stones, accompagnées de trois choristes s'agitant au rythme des riffs de guitares heavy. C'est véritablement très amusant à voir en live et cela marquera assurément cette édition du Pitchfork !
L'originalité, on en redemandait, en attendant avec impatience le groupe de la chanteuse américaine Merril Garbus, Tune-Yards. Avec ses trois autres choristes, les performances vocales, au milieu de percussions omniprésentes sont au rendez-vous. Tune-Yards, c'est une expérience à la Johnny Clegg avec le fond électro en prime, et le coup de youkoulélé. L'Afrique à Paris vous fait danser sans arrêter !
S'en suit en milieu de soirée, José Gonzalez, le chanteur de Junip, qui vient présenter son album solo. Son univers intimiste, certes de toute beauté, ne permet pas à la foule de se déchaîner, mais au contraire de se calmer alors que les précédents groupes l'avaient bien réchauffée. Encore un choix incompréhensible de programmation...
Heureusement Jungle reprend le flambeau dès son entrée. Malgré sa jeunesse, le groupe londonien a un avenir scénique certain à voir ce qu'il délivre en live ! Le groove bien léché de Jungle fait danser la foule qui s'est massée pour le voir, jusqu'au bout. C'est une belle révélation.
Le virage électro prend forme avec le clou de la soirée, attendu ardemment par un public de plus en plus fourni, j'ai nommé Caribou. Dès son premier titre lancé, Our Love, Caribou fait hurler la Halle. Après quelques bonnes danses, je serais bien resté mais je laisse le soin aux derniers arrivants de profiter du reste de la soirée. Eh oui il y en a encore dehors à débarquer pour les dj Four Tet, Jamie XX et Kaytranada.
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Article réalisé par Laurent Chenet
Publication : Mardi 18 Novembre 2014
Illustration : La danoise Mø au milieu de la foule de la Halle de la Villette.
Crédit photo : Laurent Chenet