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¯\_(ツ)_/¯

Retour aux sources pour un enquêteur assureur meurtrier.....

Un carrefour, c'est vraiment un truc con... on s'y croise, on s'y arrête, on en repart, on choisit une direction, ou pas d'ailleurs, mais dans tout les cas, on y fait quelque chose...

Anaud Floc'h et Grégory Charlet ont décidé d'y avoir un accident de voiture. C'est vrai que techniquement, c'est un endroit où il est plus probable d'en avoir un plutôt que sur une ligne droite sans platane... Quoi que, même sans platanes et avec un coup dans le nez, cela peux arriver rapidement de se retrouver dans le fossé...


Et c'est ce qui est arrivé au personnage principal de cette BD... 1955, sortie d'un mariage trop arrosé... son père trop bourré lui confie le volant, mais il ne voit pas, ou en tout les cas n'a pas eu le temps d'éviter les deux personnes qui rentraient chez elle sur le bas côté... résultat : deux morts et une conscience détruite pour la vie… 

Une histoire banale me direz vous? 


Eh bien oui c'est vrai, comme cela pourrait arriver à chacun d'entre nous, même sans le permis... Nous pourrions nous retrouver dans l'un des deux cas. Mais ce qui est d'autant plus étonnant c'est que ce carrefour là en question fait parti des lieux accidentogènes de la petite commune de Yvette-Sur-Loing, c'est comme une tradition !
Les gens d'ailleurs ne veulent rien y changer, ni les garagistes à qui cela apporte du business, ni les commerçants qui pensent que cela leur apporte des «touristes ». D'ailleurs en ce mois de mai 68, il vont en avoir de la visite. Un espèce de fouille-merde d’assureur qui vient la pour vérifier, contrôler et examiner le-dit carrefour. Que veut-il, que fait-il ? Personne ne le sait, tout le monde s'interroge sur son passage, sur ses questions et ses agissements…
Cet assureur n'est autre que ce jeune homme qui en 1955 avait renversé les deux fillettes : Elias Baumer... Et oui, le coup du sort a voulu que lui, des années après, se retrouve enquêteur assureur…. Quel drôle de situation, comme quoi, on devient bien quelque chose par raison, et non forcement par obligation.
Ses obligations justement : il est seul maintenant. Sa mère est morte de chagrin, sa femme l'a quitté et sa fille le déteste. Alors il veut recoller les morceau, il veut renouer avec le passé pour vivre pleinement son présent. Est-ce qu'il va y arriver ? Pas certain, vu comment il s'y prend !

Les apparences sont parfois trompeuses, et tout n'est pas toujours si claire...


L'histoire est simple, sans trop de surprises, mais l’intérêt de cette BD dans son scénario se situe principalement dans le fait que tout se passe lentement : mais 68, plus d'essence, perdu au fin fond de la campagne... C'est vélo et marche à pieds, et pour une BD qui traite d'accident de la route, de vitesse, de crissement, nous sommes plutôt là dans une lenteur qui pousse rapidement le lecteur à aller jusqu'au bout de cette histoire. 
C'est un cas de conscience que se pose Elias Baumer : un travail sur soit pour savoir ce qu'il est réellement, ce qui c'est passé ce soir de 1955 qui a fait basculer sa vie passée, présente et certainement future s'il n'y fait rien. Il a beau réaliser de belles maquettes, passer des heures à reconstruire, faire revivre les scènes, ressouder les pire embrouilles aux assurances, il n'arrive pas à résoudre le sien. 
Le rapport père/fille est exploré là de façon subtile. Une façon intelligente de faire vivre au lecteur des tensions familiales basées sur un «malheur de famille » qui colle à la peau comme la guigne…. La transmission filiale opère, et ce n'est pas du goût de tout le monde. De la réalité à la fiction, il n'y a qu'une ligne blanche à franchir, ou pas.
Pour rendre cette histoire crédible, il fallait bien un dessinateur qui sache, lui aussi, simplement faire transparaître les sentiments des personnages. Chacun de ceux que vous croiserez dans cette histoire porte sur lui son parcours, son métier, son caractère (La folle, la bimbo, l’hôtelier, les garagistes, les enfants du villa, etc.). 
Le village parlons-en ! Un endroit idyllique pour passer des vacances au calme, de petites maisons aux toits de briques, des jardinières aux balcons, le petit café de la place, les affiches de propagandes collées à la va-vite sur les murs... et bien évidement, les voitures de 1968, rutilantes, chromées, décapotables, rouges, bleues, vertes en plus des bus et des camionnettes. 
Grégory Charlet n'est pas tombé dans la représentation massive de la puissance de la voiture, de son côté masculin. Elle est discrète, comme presque à s'excuser parfois d'être là. Mais elle est incontournable dans cette histoire, elle en fait partie intégrante et a même un rôle de choix. Elle est sublimée par ses couleurs chaudes, et un côté naïf très attachant. 
Un One-shot d'une simplicité déconcertante, mais efficace, qui vous invitera probablement au bout des 110 pages qu'il propose a y revenir, encore et encore. Comme on refait un trajet, dans un sens et dans l'autre et que l'on cherche quelque chose….

Bonne lecture !  


chronique / bd

Article réalisé par Sébastien Blanquet

Publication : Vendredi 29 Avril 2016

Illustration : Couverture

Crédit photo : Dessin G.Charlet Edition Grand Angle






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