La pornographie transforme-t-elle la sexualité des jeunes ?
La pornographie est aujourd’hui à portée de clic. Si bien que huit sites pornos sont présents dans la liste des cent sites les plus visités par les Français en 2013 : XHamster (28e), Youporn (36e), PornHun (48e)... Faites votre choix !
Tous ces sites aux offres illimitées profitent-ils à un épanouissement personnel ?
Selon Jean-Simeon Menoreau, sexologue à Nantes et invité de l’émission des Temps Modernes sur Prun', la pornographie s’accompagne de nombreux problèmes, tout comme la médiatisation sexuelle qui, évoluant de manière rapide mais sans cadres, engendre une perte de repères.
C’est pour cela qu'il juge qu'aujourd’hui, au sein de nos collèges « il y a une plus grande urgence » que le simple enseignement de la contraception ou du fonctionnement physique de la sexualité et de la procréation.
La pornographie, une drogue comme les autres ?
« Il existe une addiction à la pornographie sur internet », c’est en tout cas ce qui ressort le plus souvent lors des séances de Jean-Siméon Menoreau. Une addiction si présente qu’elle peut aller jusqu’à perdre son travail.
Judith Reisman, auteure de
The Psychopharmacology of Pictorial Pornography qualifie la pornographie visuelle d’ « érotoxine » : « La pornographie agit sur le cerveau comme une drogue – c’est une drogue. Regarder des films X déclenche une poussée d’adrénaline qui est ressentie dans le ventre et dans les organes génitaux, ainsi qu’une sécrétion de testostérone, d’ocytocine, de dopamine et de sérotonine, précise-t-elle. C’est un véritable cocktail de drogues. La pornographie est un excitant extrêmement puissant, qui provoque flash et euphorie. Ce n’est pas un excitant sexuel, mais un excitant mêlant peur, sexe, honte et colère. »
Le fait de modéliser quelque chose qui n’est pas le réel peut également faire subvenir d'autres troubles selon notre invité, comme la perte de l’érection : « Vouloir se conformer à quelque chose qui n’est pas réel entraîne des inquiétudes de performances ». La fameuse panne.
Diverses solutions peuvent être envisageables
L’imaginaire, tout d’abord, peut permettre de retrouver une excitation. Pour Jean-Simeon Menoreau, l’imaginaire est tellement important qu’il n’hésite pas à conseiller des œuvres érotiques à certains de ses patients.
La perte d’érection peut également trouver une explication par l’approche neurologique. En effet, à force de se stimuler avec des images pornographiques, le cerveau devient insensible à la dopamine, le neurotransmetteur du désir, sécrété lors du visionnage de ce type contenu. Le risque : ne plus être excité par des rapports sexuels normaux.
Le sevrage total de sites pornos est également une solution envisageable, mais se fait très souvent dans la douleur. Comme toutes drogues, s’en suit souvent ensuite une période de manque : insomnie, irritabilité, symptômes grippaux. Six à douze semaines suffiraient cependant pour retrouver une sexualité normale.
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Article réalisé par Valentin Guinel
Publication : Mardi 04 FéVrier 2014
Illustration : Internet : ou l'offre illimitée de pornographie
Crédit photo : Prun'
Cépancé - 05/02/2014 12h53