Billet : Horreur, souffrance et union
La douceur automnale d'un vendredi 13, soir de novembre, témoignera à jamais de la barbarie glaciale de monstres obscurantistes, notre pays, une nouvelle fois théâtre d'ignominies.
Paris, capitale multiculturelle, synonyme du resplendissement français, a connu des scènes extrêmement violentes d'une guerre qui nous dépasse, nous mine dans l'incompréhension.
Des attaques terroristes simultanées dans six lieux de la capitale auront plongé notre soirée dans l'angoisse et le questionnement.
129 innocents emportés par la folie sanglante. L'âme en peine, chacun a vécu ces événements enfermé dans ses propres émotions, réagissant de manière singulière, tous, l'esprit tourmenté, touché d'une manière indescriptible.
Qu'il est difficile dans ces moments d'expliquer ses ressentis, de comprendre parfois même, ses pensées, il faudra alors, évidemment, prendre le temps, choisir les mots pour l'expliquer aux enfants.
Meurtris nous sommes, par une réalité que nous pensions lointaine, par une réalité que des pays subissent fréquemment.
Une impuissance éprouvante
Pour nous, observateurs provinciaux, l'imaginaire se mêle aux premières vidéos qui en boucle circulent. L'impuissance nous accable quand la peur nous taraude, comment lutter, agir contre cette force qui nous expose à la mort, subitement, méthodiquement, cruellement, comment combattre des personnes programmées à mourir, comment empêcher ces derniers de parvenir à passer entre les mailles du filet.
Mais surtout comment soutenir, accompagner, offrir, réconforter, défendre, apporter, rassurer, protéger, assister, épauler, consoler nos frères et sœurs.
La menace semble à présent perpétuelle et si la peur est légitime, c'est le mouvement de panique qui est à proscrire, mais déjà, nombreuses sont les personnes de tous pays qui face au spectre du terrorisme s'agitant, refusent de se cacher, affichant une détermination sans faille.
Bien loin des prétentions de ces terroristes, appartenant au groupe État islamique qui a revendiqué samedi les attentats, les victimes sont de simples anonymes, tel vous et moi, que nous découvrons pour certains, à travers des photos figeant un sourire immortel ou au détour le témoignage de proches partageant la vitalité qui les animait.
Certains buvaient au week-end qui s'ouvrait, d'autres rejoignaient l'amour d'un foyer ou d'amis quand certains s'emballaient aux rythmes d'un concert de rock. Tous partageaient une joie perceptible, tous dégageaient un bien-être paisible. Ils croquaient la vie, s'épanouissaient, tous l'avenir plein de projets.
Ils étaient le reflet de ce que le fanatisme religieux proscrit, faisons en sorte qu'ils restent à jamais une source insatiable d'amour.
Union fraternelle
Le monde est en peine pour Paris, effaré par ce bilan très lourd, effrayé par une violence inouïe. La Marseillaise résonne aux frissons. De nombreux monuments de Mexico à Londres, New York, à Sydney, Toronto à Shanghai, se parent du bleu, du blanc et du rouge soutenant et partageant une peine funeste.
Unis dans la douleur, ne tombons pas dans des conclusions trop hâtives, dans des amalgames déchirants, non plus dans un patriotisme à outrance.
La communauté musulmane souffre elle aussi de la mort de ses compatriotes, les stigmatiser relève d'une faiblesse d'esprit, comme l'est le fait de brimer Hollande.
Dotés de cette capacité formidable de réaction émotive comme ce fut le cas suite aux attentats de Charlie Hebdo, nous devons aujourd'hui, faire plus, nous devons élever nos voix en parallèle des politiques, faisons corps contre l'obscurantisme car à présent plus rien ne sera comme avant.
Je crains déjà, bien qu'il faille évidemment trouver des solutions, que le bal des politiques me déclenche une nausée répulsive, je crains la parole de certains, bien loin des préoccupations, bien loin de notre réalité, bien loin de la raison.
Je crains l’émergence d'idées extrémistes, mais crois viscéralement en l'amour. La blessure béante ne cicatrisera pas ; ne s'apaisera pas, la tristesse foudroyante, mais portée par une fraternité que le terrorisme ne connait pas, faisons triompher l'humanisme.
Gabriel Orieux
Article réalisé par Rédaction Prun'
Publication : Lundi 16 Novembre 2015
Illustration : Le noir comme marque du deuil à Prun'
Crédit photo : Prun'