Des jeux olympiques au régime Ceausescu, une vie sous le joug
Première gymnaste à obtenir une note parfaite aux JO, la roumaine Nadia Comaneci a marqué les esprits d'une génération. Dans son dernier livre, Lola Lafon revient sur son parcours hors du commun. Un récit saisissant.
Il est de celles qu'on n'oublie pas, qui marquent les esprits des années encore après avoir quitté l'espace médiatique, de ces personnes qui marquent par leurs gestes, intriguent par leurs non-dits...
Nadia Comaneci est de celle-là. Petite gymnaste roumaine, aux couettes rieuses mais au sourire éteint. Celle que le monde découvrit en 1976, lors des Jeux Olympiques de Montréal. Qui rafla trois médailles d'or, une d'argent et une de bronze.
Petite gymnaste de 14 ans, d'un pays dont certains ne connaissait même pas le nom et dominé alors par le régime communiste de Ceausescu. Parfaite petite gymnaste. Au point de faire dérailler les compteurs des juges après avoir obtenu la note de 10 sur 10 pour la première fois dans l'histoire de la gymnastique.
Nadia Comancei a marqué l'esprit de beaucoup à l'époque et notamment des nombreuses jeunes filles du même âge. Parmi celles-ci Lola Lafon. Romancière d'origine roumaine, chanteuse et compositrice aussi. Elle vit en France depuis l’âge de 12 ans et nous a fait l’honneur d’une interview en petit comité.
Quelque soit le régime... où s'arrête la liberté des corps ?
"La petite communiste qui ne souriait jamais" est son quatrième roman, après notamment "Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce".
Avec "La petite communiste...", elle évoque l’ascension fulgurante de la gymnaste Nadia Comaneci de 1976 au J.O de Montréal à sa fuite de la Roumanie en 1989. Un très beau roman dans lequel elle explore ses thèmes fétiches : celui du corps bien entendu, courbé et meurtri sous le poids des impératifs olympiques, mais aussi géo-stratégiques... Celui de la liberté encore, questionnant aussi bien sa place sous un régime communiste que capitaliste.
Un récit poignant, finement écrit, dans lequel Lola Lafon prend l'étrange parti de faire de sa narratrice une journaliste qui dialogue avec Nadia Comaneci alors qu'elle écrit sa biographie. Pourtant de biographie, il n'en est question. Tout est romancé, affirme l'écrivaine. Lola Lafon qui n'a jamais cherché à contacter Nadia Comaneci, revendique haut et fort un récit libre, une interprétation personnelle. Aussi ancrée dans le réelle soit-elle, cette histoire est une fiction... mais dont chaque élément est une vérité.
Un récit non-biographique
Certains aimeront se perdre dans cet entre-deux, d'autres en seront peut-être agacés. Une chose est certaine, tout lecteur que vous soyez, vous ne pourrez vous empêcher d'enquêter vous même sur la vie de Nadia Comaneci, de fouiller les affres du net en quête d'une vidéo pour voir s'élancer ce petit corps dans des arabesques parfaites, saisir les vestiges d'une époque où le corps douloureux d'une enfant faisait fantasmer des milliers d'adultes. "Un regard quasi pédophilique", note Lola Lafon...
Avec "La petite communiste qui ne souriait jamais" paru aux Editions Actes Sud, elle nous livre un roman à l'écriture extrêmement soignée et au récit saisissant.
A Nantes, nous l'avons rencontré lors de son passage courant avril. Elle revient sur ce livre qu'elle aura mis deux ans à écrire.
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Article réalisé par Karine Parquet
Publication : Mardi 06 Mai 2014
Illustration : Nadia Comaneci lors des Jeux Olympiques de Montréal en 1976
Crédit photo : Jim Powell - theguardian.com