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Fip Toujours

L’avenir des locales de Fip est menacé. Yolande Brun, Fipette et déléguée syndicale CFDT à Nantes et Philippe Guihéneuf, auditeur chevronné et initiateur d'une pétition pour la défense de la radio étaient les invités du Ghetto Blaster du 5 avril.

La pépite éclectique de Radio France


Fip, c’est l’acronyme de France Inter Paris, mais aujourd’hui sans aucun rapport avec France Inter. À l’époque le concept est nouveau consistant en un fond sonore fluide et discret fait de musique classique légère, de jazz, de blues et de musique populaire. Fip est destiné à un public urbain, parisien d’abord, et en priorité aux automobilistes : infos météo, point circulation.

Le succès parisien va rapidement inciter la direction à lancer des « mini Fip » en province. Les antennes de Fip diffusent toute la journée de 7:00 à 19:00, elles parlent de la région, de la ville, du quartier, elles permettent la promotion d'artistes locaux, de salles de spectacles et s'intègrent rapidement dans le maillage culturel des villes où elles s'implantent. Et les voix suaves, sensuelles et relaxantes des animatrices, les Fipettes comme on les appelle, vont faire partie du paysage sonore des français.

Il y a eu des évolutions depuis 1971, mais finalement, le concept n’a pas changé. Ce qu’écrit Les Inrocks, à l’occasion des 40 ans de Fip : « Son éternel recommencement tient au génie de son ADN, à l’éternité d’une idée radiophonique toute simple qui fait de son écart avec la norme la condition de son succès. » ou encore, toujours dans Les Inrocks : « On l’écoute en 2011 comme en 1981 ou en 1971 : avec le même sentiment d’une caresse sonore qui apaise les blessures du vacarme ambiant. » Et puis, les années ont passé, les timbres ont gagné en spontanéité, les sensibilités se sont affirmées.

« Mise en cohérence » ou mort programmée ?


Si Fip est aujourd'hui la quatrième radio la plus écoutée dans l’hexagone, à Paris bien sûr, mais également dans les dix villes où elle est diffusée, la direction de Radio France tente depuis quelques années de recentrer les programmes dans la capitale. En 2000 déjà, l'émergence de France Bleu et du Mouv' dans les régions signait l'arrêt des antennes de Lille, Lyon, Marseille, Nice et Metz. Les locales de Strasbourg, Bordeaux et Nantes avaient alors échappé à ce redécoupage. En 2008 et 2014, la menace d'une fin des décrochages vers les trois stations rescapées avait fait bondir les auditeurs et reculer la présidence. Lors de cette vague de mobilisation, Philippe Guihéneuf met en ligne une pétition qui recueillera 9 000 signatures en une semaine.

Deux ans plus tard, le patron de Radio France, Mathieu Gallet, et la directrice de Fip, Anne Sérode, esquissent une nouvelle carte des Fip sur le territoire : malgré la sauvegarde des locales actuelles et l'ouverture de trois antennes, les voix des Fipettes disparaîtraient progressivement des ondes régionales. Réduite de seize à six, l'équipe de salarié.e.s n'aurait désormais plus qu'à assurer la rédaction d'agendas culturels enregistrés à Paris. Se présentant comme l'une des dernières ambassadrices d'une espèce « en voie d'extinction », Yolande Brun n'a pas l'intention de se conformer aux choix d'une direction qui invoque la « mise en cohérence » et le « rééquilibrage » de la radio : « On nous parle d'une équité qui n'existe pas puisque l'équité, en l’occurrence, consiste à rogner les ailes de trois stations qui fonctionnent et qui ont de l'audience. »

Un service public au cœur de la cité


Pour Philippe Guihéneuf, cette décision est d'abord le fruit d'un certain mépris pour l'identité Fip : « Fip est une radio exceptionnelle, c'est une radio unique. Elle est tellement unique que pour un grand directeur qui prend la tête de Radio France, elle ne rime à rien. » L'argument budgétaire, quant à lui, peine à convaincre : les stations locales n'absorbent chaque année que 0,1 % du budget total du service public de la radio. Car c'est de service public qu'il s'agit, « un mot très important que je n'entends pas dans la bouche de ma direction », confie Yolande Brun.

Au fil du temps, Fip est pourtant devenue incontournable dans la vie locale. En animant la création artistique, la radio en soutient les acteurs et apporte, dans une ville comme Nantes, des retombées économiques non négligeables. Comme l'indique Philippe Guihéneuf, « la vitalité et le dynamisme culturel des agglomérations de Nantes, Bordeaux et de Strasbourg est en partie due à Fip. […] Les informations de Fip sont des outils d'accompagnement de lieux et de carrières. » C'est dans ce sens que Johanna Rolland et plusieurs maires de la métropole ont adressé un courrier commun à la Maison de la Radio afin de demander la sauvegarde d'une pépite qui, comme le précise Yolande Brun, est « insérée dans un tissu extrêmement soutenant, très imbriquée dans la vie de la cité » et dans le paysage radiophonique français depuis plus de quarante ans.

Pour découvrir la page Facebook « Fip Toujours » c'est par ici, pour signer la pétition (près de 35 000 soutiens !) c'est par là.

Article et interview réalisés par Anna Tuyen Tran et par Valentin Peden pour le Ghetto Blaster du 5 avril 2017, émission animée par Lois Moreau et playlist signée Fip !

Playlist :
- Flash And The Pan - Waiting for a train
- Askehoug - Bonjour la solitude
- Yasmine Hamdan - La Baden


Article réalisé par Redacteurs Prun'

Publication : Jeudi 13 Avril 2017

Illustration : Le studio de Fip à Paris dans les années 1970

Crédit photo : INA






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