[Belle île On Air] Ella, elle l'a, ce je-ne-sais-quoi...
Et non ce n’est pas du Voulzy ou du Souchon mais bel et bien du France Gall qui nous attendait pour la 12e édition du festival Belle-Ile On Air...
Alors que la période des festivals estivaux prend fin, je vous propose de revenir sur l’un des incontournables du petit monde insulaire breton, le bien nommé Belle-Ile On Air, qui a eu lieu du 09 au 10 août.
Qui dit festival insulaire, dit festival qui se mérite et une fois n’est pas coutume, la météo a donné un cachet tout particulier à l’événement : Le vent étant de la partie, plusieurs bateaux qui faisaient la liaison Quiberon / Belle-Ile-en-Mer ont été annulés à cause d’une forte houle et des creux de 4m, paraît-il.
Pas de soucis de notre côté puisque nous avions décidé de prendre nos aises à côté du Bois du Génie 24h avant le début du festival qui s’étalera sur 2 jours.
Et quitte à prendre ses aises et s’imprégner de l’ambiance toute particulière qui règne l’été sur la perle morbihannaise, autant le faire dans les troquets La Godaille et Les Irréductibles, devenus par la force des choses les repères des festivaliers qui n’en ont jamais assez.
L’association TommEo, organisatrice du festival depuis plus de 10 ans, a pourtant beaucoup à offrir avec des concerts allant de 19h à 3h le vendredi et le samedi, qui est plus est de bonne facture puisque les ¾ des artistes programmé·e·s le sont aussi sur nos ondes.
On va donc naviguer entre hip-hop, afrobeat, electro, tropical, etc. au sein d'un festival toujours aussi convivial grâce à d’accueillant·e·s bénévoles et surtout une jauge réduite permettant de jongler facilement entre les deux scènes.
Le festival est d’ailleurs efficacement et joliment décoré sur le thème marin avec une pieuvre géante et autres méduses qui nous éclairent tout au long du chemin, tout cela en utilisant très bien tout ce que le Bois du Génie et la citadelle peuvent offrir comme terrain de jeu aux 9 000 festivalier·es.
Jungle by night, coup de cœur du vendredi
La Chica, artiste franco-vénézuélienne, sera la première sensation du festival et on voit tout de suite qu’elle est prête à en découdre puisque, vêtue d’un short d’arts martiaux, elle occupe la scène Ramonette de long en large et assène ses textes percutants en seule compagnie de son DJ.
Un peu plus tard sur la scène Vauban, le coup de cœur du vendredi, Jungle by Night, commence avec un discours écologique en accord avec le leitmotiv du festival. Le morceau “Hangmat” qui signifie hamac vient donc ouvrir ce qui sera l’un des plus beaux concerts de cette 12e édition. Mais ce n’est pas une surprise puisque les hollandais nous régalent déjà depuis 10 ans et cinq albums dont le dernier, “Livingstone”, signé sur Rush Hour Music passe régulièrement sur le 92FM.
On assiste à un live où l’afrobeat et le jazz se conjugue toujours de la plus belle des manières avec, en plus, des sonorités électroniques qui apportent ce son “afrobeat du futur”, comme le décrivait Tony Allen par le passé.
L'île glisse ensuite tranquillement vers des sonorités plus électroniques avec, tout d’abord, le live plutôt consensuel des français de la Fine Equipe, bien accompagné visuellement par une installation proche de celle que nous a proposé C2C par le passé. C’est surtout Bamao Yendé (boss de Boukan Records) et son afro-house, qui va faire chalouper nos matelots d’un week-end. Ils clôtureront leur vendredi soir sur la techno bien vivante et pur beurre de nos confrères d’Atoem (on me glisse d’ailleurs dans l’oreille qu’ils se rapprochent de Prun’ la saison prochaine, wait and see..).
Les plus braves bien-entendu se chargeront de transformer le camping en fête jusqu’au petit matin avec un DJ qui prend plaisir à jouer les titres finement choisis et mis en boîte par les festivalier·es pendant la journée.
Kokoko! ne déçoit pas
Le gros coup du cœur du lendemain est signé Kokoko! et son producteur Débruit que l’on suit depuis longtemps puisque Xavier Thomas (de son vrai nom) nous a concocté plusieurs excellents albums et collaborations par le passé avec Alsarah ou bien la chanteuse anatolienne Gaye Su Akyol.
Le natif de Trefflin retourne donc sur ses terres accompagné d’un collectif de 5 artistes congolais qui fabrique ses instruments à la sauce DIY avec à la clé une techno à la fois tribal et très loin des clichés de la “world music”.
Pas évident de rebondir après un live pareil et la militante féministe de Cape Town, Dope Saint Jude s’en sort terriblement bien avec un show dont pas mal d’artistes hip-hop devrait s’inspirer, le côté bad boys étant contrebalancé par le côté radieux et lumineux de la rappeuse.
Un petit air de M.I.A vogue sur scène avec cette énergie sud-africaine en plus, qui nous fait danser jusqu’à la tête d’affiche house du week-end et son bob fétiche, Folamour. Rien de surprenant dans le dj set du globe-trotteur lyonnais mais toujours cette énergie sur scène et des tracks bien choisies comme cet edit de France Gall qui, repris à tue tête même au camping, nous accompagnera du bout de la nuit jusqu’au bateau du lendemain, pour le retour sur le continent...
Allez c’est cadeau, et encore, je vous épargne le ABBA.
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Un reportage réalisé par François.
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Article réalisé par Constance Bénard
Publication : Lundi 26 AoûT 2019
Illustration : Jungle by night
Crédit photo : Mathilde Cybulski et Mogri