Le Voyage à Nantes #2 : On navigue en eaux troubles...
Le Voyage à Nantes, cette grosse machine culturelle de la ville, est une société publique locale. Qui prend les décisions de politique culturelle ? Comment l'évènement est il financé ? Jean Blaise a accepté de répondre.
On ne va pas copier « L’Express » et vous la faire en enquête criminelle en intitulant cet article « Les dessous du Voyage à Nantes ». Mais inéluctablement, on s’est posé des questions sur les coulisses de l’évènement estival.
Étape 1 : l’évènement culturel
Le Voyage à Nantes est bien entendu une manifestation d’art avant tout. Et avant tout destinée aux touristes. Est-ce que la ville devient alors seulement un support pour le divertissement des touristes ? Jean Blaise répond à nos questions. (Son 1)
Étape 2 : les gros sous
En réalisant des reportages auprès des Nantais, le constat s’impose : personne ne sait vraiment comment est financé le VàN. La question est posée à Jean Blaise, le budget est demandé à la société. Mais rien ou pas grand chose. Le directeur répond tant bien que mal aux questions, le service communication transmet des documents incomplets. Pour tenter de vérifier les chiffres, il faut se plonger dans les méandres d’internet. Mais là encore, c’est compliqué.
En 2012, le budget est accessible. C’est l’année de lancement de l’évènement estival « la ville renversée par l’art ». La société publique locale (SPL) Le Voyage à Nantes est possédée à 68% par Nantes Métropole, à 18% par la ville de Nantes et le reste est réparti entre d’autres communes partenaires. En 2012, le budget est de 13 millions d’euros. Sur ces subventions de fonctionnement, en majorité publiques, 8 millions sont consacrés au VAN de l’été. Selon l’audit, les retombées sont de 48,5 millions d’euros et l’évènement attire 600 000 visiteurs. Fin 2012, la SPL est bénéficiaire de 2 489 euros. A priori, comme ça, on peut se dire que si la société n'est pas rentable en elle même, elle profite largement à la ville.
L’année d’après, impossible de trouver le budget de la société seule. Mais dans les comptes de Nantes Métropole, on apprend que les subventions n’ont plus été, pour l’actionnaire majoritaire et la ville de Nantes, "que" de 2,7 millions.
En 2014, le budget de la SPL est de 27 millions d’euros. Un bond en avant, même s’il faut dire que l’entreprise a absorbé la gestion du Château des Ducs, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, le Parc des Chantiers, l’Estuaire, l’Office de Tourisme et les Machines de l’île. L’infographie de Ouest France est assez ludique sur la répartition du budget entre les différents pôles. Dans cet article on apprend que l’évènement estival aurait reçu une subvention de 2,9 millions d’euros. C’est ce que Jean Blaise affirme aussi. Attention cependant, le chiffre n’a pas pu être vérifié. Tout comme les partenariats privés et leurs contributions.
Autre information intéressante : selon l’AURAN (Agence d’urbanisme de l’agglo) les retombées économiques de l’évènement estival sont de 43 millions d'euros. Et les visiteurs ne sont plus que 540 000 (600 000 en 2012). Le début d’un déclin ? Les subventions diminuent, les retombées économiques sont sur une pente douce… Mais pour Jean Blaise, tout roule. (Son 2)
Il est clair que la culture coûte cher, ce n'est pas un bien économiquement rentable mais il est nécessaire dans la politique d'une ville. Ce qui n'est pas nécessaire en revanche, c'est cette suspicion que fait naître les difficultés à avoir accès à des chiffres clairs (et objectifs) concernant les budgets alloués à la culture à Nantes. Cette culture qui fait la fierté des Nantais ne doit-elle pas quand même s'affranchir d'une certaine transparence ? Est ce que le voyage à Nantes marche aussi bien que ce que la communication nous le fait penser ? Cette délégation de service public qui s'est faite sans appel d'offre survivra-t-elle au départ de Jean Blaise? A méditer.
Charline Vatier
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Publication : Vendredi 24 Juillet 2015
Illustration : Rencontre avec Jean Blaise dans les bureaux de la société
Commentaires
Mathieu Chailloux - 28/07/2015 13h41
Mathieu Chailloux - 28/07/2015 13h18