Delskiz : sur la rampe du tremplin d'Astropolis
Mon périple à Astropolis : Le live de Delskiz
Tout à l’heure, je faisais la vaisselle, nettoyant assiettes et couverts je me prenais pour Carl Cox devant une foule en délire, bougeant ma tête de droite à gauche, de haut en bas. Je me trémoussais tout en ayant une mélodie et une petite rythmique qui me trottait dans la tête.
Et là, flashback, à peine remis d’Astropolis, des souvenirs me reviennent comme ça, par bribes. J’arrive dans les lieux du festival, devant moi se dresse le manoir et… un kebab (ma première destination). Les scènes se remplissent peu à peu, l’Astrofloor est quasi vide, plus pour longtemps, j’y prends même avec aise mon diner récupéré quelques mètres plus tôt pour une poignée de pièces.
Assis sur la douce herbe encore bien garnie, plus pour longtemps non plus, de l’Astrofloor, on chill quelques temps. Bons concitoyens, on est au premier rang pour voir les nantais Obé & LVH, pour se voir servir une house enthousiaste et une exclu bien léchée d’Obé. On se dirige vers la droite, attiré par un Kick puissant venant de la Cour, où la « révélation du Tremplin d’Astropolis » faisait grésiller le système son du manoir. On fait alors des allers-retours entre le bar à eau (LE spot de la soirée), la scène tremplin et la Cour. On croise alors Kowton qui fait vibrer l’enceinte du manoir dans le sens du poil. Son intro est dévastatrice, une sorte de partie de ping-pong entre les kicks, une montée presque interminable pour finir sur un tabassage des basses fréquences. On se sépare non sans mal du britannique, mais pour une bonne cause, on doute quand même un peu : « est-ce que le petit breton saura dépasser le grand ? ».
Le live de Delskiz
En tous cas de loin c’est bien, mais de près c’est mieux. Delskiz nous envoie son nappage crème-vanille préféré : un kick sautillant et puis des sonorités dub-techno omniprésentes, il saupoudre claps, snares, cymbales, charleys… Le public est réceptif, le breton est au rendez-vous, le live est punchy, éfficace, énergique, sobre et très épuré.
Tout tourne autour des kicks qui s’emboitent parfaitement dans des mélodies aux envolées tonique. Toujours un pied sur terre sans extravagance, généreux suivant une même ligne de conduite, sans débordements, Delskiz fait son taff’.
En écoutant son live on découvre un univers musical bien construit, il vient chercher son public l’emmène dans un coin puis lui balance son double kick rebondissant d’une demie seconde pour introduire un son sec et puissant. Delskiz est un véritable TGV, il va droit au but, fait quelques breaks très courts, pour plus vite t’amener de gares en gares ou de tracks en tracks.
Cependant il gagnerait à s’égarer de temps en temps. Son live, très inspiré de celui de Maxime Dangles, est travaillé et arrive sans accroc à t’harponner. Delskiz arrive à imposer une simplicité et un continuum Dub-techno en toute légitimité et sérénité. Il est tout à son avantage : à domicile, le public et lui semblent avoir déjà fait connaissance, il est demandé et encouragé par la foule. Lui semble presque inerte les yeux rivés sur son écran, les doigts affairés sur les potards ; ce n’est que quand il entend son nom scandé par la foule ou un homme soul, qu'il redouble d’énergie, bougeant au rythme de ses manipulations sonores et rythmiques.
Le brestois (d’origine) nous a récité du Delskiz, après une dure nuit à l’Astroclub, son live c’est un peu la solution énergétique pour tenir jusqu’à Lil Louis et vibrer durant les sets de Robert Hood, Manu le Malin, Boys Noize, Loco Dice ou John Digweed…
Delskiz joue habituellement double jeu, d’un côté il a un répertoire dub-techno et de l’autre micro-house, d’un côté il a le gros kick et le clap qui ressemble drôlement à une claque et de l’autre tu as une petite mélodie planante avec une rythmique lente et douce.
Mais à Astropolis, il n’a pas ménagé son public, il a imposé son choix, il a préféré le réveiller, le secouer plutôt que le calmer. Il a senti Astropolis, il a senti une envie, une ambiance, il s’est jeté et il a plané, il a fixé un point, suivi sa voie et n’a pas dévié. Un live progressif et singulier : un tremplin mérité.
delskiz / dub-techno / astropolis
Article réalisé par Mimmo Assié
Publication : Mercredi 22 Juillet 2015
Illustration : Delskiz
Crédit photo : https://www.facebook.com/delskiz?fref=ts