Coup de coeur prunien : Run Child Run - Prayer ft. EL Tsid
Cette semaine, la programmation de Prun’ a été touchée par la grâce de la musique trip-hop electronica de l’américain Run Child Run. Focus sur une balade mélancolique qui nous fait passer du sourire aux larmes.
Ian Sims, ou Run Child Run, est un musicien poly-instrumentiste américain. Touche à tout, il est à la fois derrière son synthétiseur et ses instruments digitaux en plus d’être chanteur et compositeur. Il a collaboré avec de nombreux artistes aussi éminents que Nicolas Jaar et Dave Harrington, tous deux membres du groupe d’electronica Darkside, ou encore la new-yorkaise Momo Ishiguro. Depuis son premier album, Vanishing Point qu’il a autoproduit en 2018, Sims s’est forgé une véritable identité musicale oscillant entre le trip-hop et la pop expérimentale. Il revient en août cette année avec un second opus, Peace Process, qu’il a composé dans la même veine que ses précédentes compositions.
« J’aime imaginer que Vanishing Point était une bande-son mélancolique qui emporte au plus profond de la nuit ; alors que Peace Process est plutôt l’esprit édifiant de l’aube. » confie l’artiste au magazine Ourculturemag. Ce nouvel opus, entre la douceur d’un album de Bon Iver et l’ambiance intense d’un titre de James Blake, nous brise littéralement le cœur dès les premières notes. Composé entièrement après la naissance de son premier fils, Ian Sims retranscrit en sonorités la palette d’émotions par lesquelles il est passé. Il introduit l’ensemble par le morceau Yaman, titre doux que la harpe ponctue d'envolées et où le temps paraît suspendu. Reflection nous remet en mouvement, avec des percussions douces et les paroles flottantes sur le thème de l’estime de soi. Puis arrive le titre Must I, toujours dans cette ambiance presque religieuse tant l’émotion qu’il dévoile semble intense. Prayer et Of All Things sont d’une beauté triste et lumineuse, comme si la mélodie douce et mélancolique nous faisait déjà entrevoir les premières lueurs de l’aube. Moonsoon et We achèvent l’album, avec un esprit plus aérien, plus rythmé et soul. Le jour se lève déjà.
« D’habitude, je décris ma musique avec des mots qui traitent plus d’un sentiment que d’un genre. Je dis que c’est méditatif, texturé ou stratifié. La musique marche par répétition – de rythmes, de mélodies, de paroles – pour vraiment construire une idée de cycle, de cercle, d’intemporalité. Et quand je n’ai pas le temps pour tout ça, je dis pop cosmique – car à la base, ce sont des morceaux qui sont destinés à tous. » dit Ian Sims, pour la plume du magazine Ourculturemag.
Le titre coup de cœur de la programmation se situe au moment de bascule entre la nuit sombre et l’éclaircissement du ciel étoilé. Mélopée triste et envoûtante, elle enveloppe dès les premières notes du carillon qui retentit. Serait-ce donc le son des étoiles font lorsqu’elles tombent pour laisser place aux rayons du soleil ? La voix de Sims, en arrière, reste suspendue et accompagne la basse et le piano de la mélodie. Puis, celle de la chanteuse El Tsid s’amplifie et déroule des paroles pleines d’espoir qui meurt et pourtant renaît, d’abandons et de retrouvailles.
Avec Prayer, Ian Sims exorcise ses peurs pour les sublimer en mélodies, dominées par la lumière et la délicatesse.
Article réalisé par Service Civique Programmation
Publication : Vendredi 06 DéCembre 2019
Illustration : Run Chlid Run Peace Process