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¯\_(ツ)_/¯

Coup de coeur Prunien : Gwenno - Jynn Amontya

Ancienne membre du girls band The Pipettes, la chanteuse de Cardiff avait alors décidé de se lancer dans une carrière solo. Nous l'avions remarquée sur son premier LP en 2014, elle nous est revenue en Mars dernier pour son deuxième projet : Le Kov.

artwork Le Kov

Sur la quatrième chanson, Gwenno soulève une question, est-ce que les paroles importent encore ? Une interrogation pertinente à l’heure où une majorité d’interprètes choisissent la langue de Shakespeare pour chanter, prétextant souvent un apport en sonorités, mais finalement bien conscients de suivre le mouvement en espérant décrocher une aura internationale plus aisément.
Gwenno, pourtant britannique a choisi d’autres horizons. Nous l’avions déjà repérée sur son premier album Y Dydd Olaf  où elle décidait de chanter principalement en gallois, sa langue natale. Pour ce second opus, elle choisit de s’orienter vers sa seconde langue, le cornique.
L’anglais étant sa troisième langue.

Le cornique, mais c’est quoi ça au juste ?
Cela mérite bien un petit point linguistique : figurez-vous que le cornique est un idiome celtique proche du breton. Parlé essentiellement en Cornouailles, un territoire historique de l'extrême pointe Sud-Ouest du Royaume-Uni. Se développant au Moyen-Âge jusqu'à atteindre 40.000 locuteurs entre 1200 et 1600, la langue disparaît ensuite au début du 19ème.
Mais là badabam, que se passe t-il, incroyable retournement de situation....
Des instances culturelles et religieuses veulent revitaliser le cornique au 20ème siècle !
Et ça marche puisque la langue n'est plus considérée comme éteinte (seulement en voix d'extinction). On compterait aujourd’hui 3.500 locuteurs et une école spécialisée a même été créée.

Sachant cela, on pourrait alors s’assurer de la volonté de Gwenno pour se faire porte-parole d’une culture méconnue. D’une sorte d’urgence à essayer de garder ces choses en vie, pour rendre compte de ces traditions oubliées. Et bien en réalité, pas vraiment…du moins au premier abord.
Sur le titre Eus Keus, elle nous sort une liste des villes où se parle le cornique, le tout accompagné de chœurs répétant inlassablement Est-ce du fromage ? En est-ce ou non ? Si c’est du fromage, amène le fromage ! Et si ça n’est pas du fromage, emmène ce que tu peux !
En fait, même si cela peut paraître peu sérieux voire désinvolte, cet album n’est pas dénué de sens pour autant. Baptisé Le Kov - traduisez La Place de la Mémoire  -  c’est une exploration de l’identité cornique, partant des sentiments d’une isolation post-Brexit, à l’appel aux armes ou aux statuts des langues marginales. En réalité, il est peu évident de le comprendre, et ce même pour des personnes parlant le cornique. Gwenno se plaît à jouer avec les mots pour y donner une image dérisoire, ce n’est qu’avec ses propres explications que nous pouvons finalement comprendre le sens premier de ses morceaux.

Et puis, à vrai dire, même sans ne rien comprendre, on se laisse volontiers prendre au jeu de ses mélodies naïves et brumeuses. Après tout, tout adepte du yaourt en anglais devrait aussi pouvoir s’exercer au yaourt en cornique, comme ça pas de jaloux !



Moreau Corentin




coupdecoeur / cornique / wales / paysdegalles / gwenno

Article réalisé par Service Civique Programmation

Publication : Jeudi 17 Mai 2018

Illustration : artwork Le Kov






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