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Coup de cœur prunien : ARM – Cap Gris

En ces temps troubles, il est toujours opportun de s’illuminer les oreilles avec des morceaux entre ombre et lumière, pour nous rappeler qu’elles sont les faces d’une même pièce, comme le morceau Cap Gris d'ARM.

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ARM n’en est pas à son premier coup d’essai. Le rappeur nantais officie depuis plus de quinze ans dans les profondeurs du hip-hop underground où il a commencé à opérer au sein du groupe Psykick Lyrikah. Ils ont sorti ensemble cinq albums studios dont Les Lumières Sous La Pluie (2004) ou encore Vue d’Ici (2008). Puis, au tournant de la décennie, ils se séparent et ARM adopte ce nouveau pseudonyme pour continuer sa carrière en solo. Il sort coup à coup les albums Psaumes (2016) et Dernier Empereur (2017), puis revenir cette année avec son dixième opus Codé. Artiste multi casquettes, il endosse tour à tour si ce n’est pas simultanément le rôle de rappeur, compositeur et producteur. Ce nouvel opus lui permet de synthétiser ces thèmes de prédilections mélancoliques tout en se permettant des échappées musicales inédites, notamment au niveau de ces choix d’instrumentales.

Codé est un album affranchi de toute barrière musicale. Il esquive toutes les cases des sous-genres du rap dans lesquelles on serait tenté·es de le glisser, telles que celle du rap conscient ou rap lyrique. La musique d’ARM est une déclaration d’amour à l’héritage du spoken word des The Last Poets, tant ces textes sont empreints d’une poésie qui nous touche l’âme. Mais il dit aussi, au micro du webzine Sourdoreille :

« Dans le rap c’est très bavard, y’a beaucoup de textes. Donc, sortir des couplets-refrains, se réapproprier sa propre voix comme un instrument. Si je répète ces phrases, c’est parce que les structures aussi sont répétitives. A la fin, on oublie presque la phrase que je suis en train de dire, on se laisse bercer par la musicalité de la phrase (…) On est plus dans le texte, on est plus dans la narration, on est plus dans le verbe. On est dans un truc plus primitif. »


On y entend donc une volonté de sa part de se servir de Codé comme d’un véritable terrain d’expérimentation musicale pour sortir des sentiers battus. On peut le sentir déjà dès le titre Collatéral, qui ouvre l’opus, dans une ambiance assez sombre qui démarre lentement pour ensuite s’accélérer et laisser place à une instrumentale plus saturée. L’album ne rentre pas vraiment dans le format de l’opus de rap ordinaire. Les couplets ne commencent pas tout le temps avec le début de la mélopée – sur le morceau Persona par exemple, ARM commence à rapper à la moitié de la mélodie -, et les instrumentales sont assez similaires jusqu’à la moitié de l’album. Les trois derniers sons sont plus noirs, plus trap et saturés que le début planant de l’album.

Le titre coup de cœur de l’album, Cap Gris se trouve au point de bascule entre les deux ambiances de l’album. Le clip du titre montre les deux artistes, ARM et Virus partant en road trip sur les côtes de la Manche. Dans un espace-temps suspendu entre crépuscule et nuit profonde, front de mer et station-service déserte, les deux compagnons prennent le large. La production, cloud rap comme les titres qui le précèdent, est planante avec un rythme lent guidé par une percussion claire et une nappe de synthé aérienne.

Avec Cap Gris, ARM nous embarque avec lui dans son épopée mélancolique, à la recherche de la lumière ou peut-être en pleine course poursuite contre son sentiment d’enfermement.




Article réalisé par Service Civique Programmation

Publication : Mardi 17 DéCembre 2019

Illustration : CODE

Crédit photo : Yotanka Productions






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