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Carte Blanche à Camille Bleu Valentin - Allégories réelles

En lien avec son exposition "Taille 37", Camille Bleu Valentin, questionne les images et les symboles. Nous avons reçu l'artiste dans l'émission Curiocité du mardi 19 février et lui avons permis de réaliser une carte blanche.

La republique nourrit ses enfants

ALLÉGORIE DU RÉELLES.


Quête d'images et symboles : comment la violence du 19ème siècle influence-t-elle la peinture de son temps ?


Beaucoup de peintures et sculptures illustrent à cette période là L’Enfer de Dantes. De même pendant la révolution la peinture essaye de se ré-inventer : à nouveaux sujets, moyens neufs.
La Liberté guidant le peuple sur les barricades et une synthèse de deux tableaux précédemment peint par Delacroix. À savoir : Scènes des massacres de Scio, 1824 et La Grèce sur les ruines de Missolonghi, 1826.
On parle donc d’une liberté construite à partir d’une scène de massacre et de ruines grecques.
Dans les massacres de Scio on observe une foule anonyme, personne n’est identifiable, personne ne se détache, il n’y a pas de héros hors du commun, pas de présence divine représentée. On observe un traitement égalitaire des personnages dans la peinture.
La scène représentée nous donne à voir une peinture d’histoire contemporaine et non pas rétrospective comme c’est habituellement le cas, Delacroix est donc en rupture avec les traditionnels sujets de la peinture de l’époque. Néanmoins dans La Liberté guidant le peuple, la figure de la liberté se détache.
L’allégorie vient s'incarner dans la réalité.
C’est à dire que l’allégorie n’est plus un symbole abstrait mais vient s’incarner dans un personnage réel. Ainsi la liberté est incarnée dans l’image d’une femme de son temps et non pas une femme idéalisée sur le modèle des statues grecques : «La pilosité de son aisselle a été jugée vulgaire, la peau devant être lisse aux yeux des rhétoriciens de la peinture». Il y a là une volonté d’être vériste, vraisemblable, notamment des les costumes peints. Il y a une tension entre le réalisme et une forme d’idéal. À droite, devant la Liberté, figure un garçon : «symbole de la jeunesse révoltée par l’injustice et du sacrifice pour les nobles causes», il inspirera 30 ans plus tard le personnage de Gavroche à Victor Hugo.
Le peintre représente l’image idéalisée de ce qu’il a put observer, il s’agit en quelques sorte d’un détournement du réel pour nous le rendre plus intelligible et le faire se signifier. Rendre le réel par la peinture plus vrai, plus palpable. Le tableau raconte son histoire et la violence de la situation par lui-même.
On est à ce moment là pendant la révolution de juillet, dite des 3 glorieuses :
« Au début de 1830, le climat politique en France est électrique. L’opposition est chauffée à blanc par sa popularité croissante face aux maladresses du ministère. L’hiver 1829-1830 a été particulièrement rigoureux, les autres saisons plutôt pluvieuses. 1830, comme 1827 et 1828 avant elle, est une année de médiocres récoltes impliquant des prix élevés pour les denrées et un report du pouvoir d’achat sur le pain. L’économie est morose. Des bandes de miséreux errent dans les campagnes. Des incendies d’origine inconnue, dont libéraux et ultras se rejettent mutuellement la responsabilité, plongent la Normandie dans la peur. »

La cathédrale de Notre-Dame apparaissant à droite plante le décor, nous sommes à Paris, une femme sein nus brandit le drapeau tricolore. On sait que les femmes combattaient torses nus pendant la révolution mais les seins nus sont aussi une allégorie de la maternité nourricière. Car c’est dorénavant la liberté qui nourrira le peuple français. (Cf : La République nourrit ses enfants et les instruit. Tableau d’Honoré Daumier, 1848)
L’élément réaliste de la barricade devient un marqueur culturel fort. Symbole de l’émeute urbaine.
Vingt ans plus tard Courbet peint en 1850 Un enterrement à Ornans.
On ne sait toujours pas qui ou quoi a été enterré. Sur un horizon égalitaire, tous les personnages apparaissent au même plan, sans perspective. La croix s’élève au dessus du crâne nous signifiant une vanité, dont certains diront : «Celle qu’on enterre ici, c’est alors la République, c’est Marianne tombée victime des réactionnaires et de Louis-Napoléon ; et toutes les nuances du républicanisme assistent à la cérémonie».

Camille.

[Réécoutez l'interview de Camille Bleu Valentin dans le Curiocité du mardi 19 fevrier : ici]





Article réalisé par Vie Etudiante

Publication : Mercredi 20 FéVrier 2019

Illustration : La republique nourrit ses enfants






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