Buchenwald : 70 ans de libération
Samedi 11 avril n'était pas un jour comme les autres à Buchenwald en Allemagne. Pour les 70 ans de la libération du camp, 80 survivants se sont rassemblés et ont témoigné, pour que jamais on oublie...
Difficile d’imaginer l’horreur dans la tranquille petite ville de Weimar. Ville de Goethe, Schiller, Liszt et bien d’autres grands noms de la culture allemande, il y fait bon vivre. La douceur du parc de l’Ilm et les délicats claquements de sabots des chevaux sur le pavé, transportent dans une autre époque, un autre temps. Ce qui marque peut-être le plus quand on arrive à Weimar, c’est le calme et l’insouciance qui y règnent.
L’université Bauhaus, héritage du Bauhaus, fameuse école des arts décoratifs et industriels, propose des études de qualité. La ville est campus et, que ce soit en architecture, en art ou encore en cinéma, chacun s’y épanouit selon ses intérêts. De nombreux projets divers et variés sont montés et une réelle ébullition intellectuelle et artistique se fait ressentir.
Néanmoins, le passé de la ville est loin d’être tout rose. En effet, Weimar a été profondément marquée par le nazisme. Lors des élections de 1933, deux tiers de la population font le choix d’Adolf Hitler et cela ne s’arrête pas là. Aujourd’hui encore, des lieux témoins de cette époque sont présents : l’Hotel Elephant dans lequel Adolf Hitler a régulièrement séjourné, l’Atrium, devenu centre commercial, et son balcon depuis lequel il prononçait ses discours, et puis…
Buchenwald, l'horreur insoupçonnée
Et puis Buchenwald, un ancien camp de concentration, et ses 250 000 prisonniers. Au total, on comptera 56000 personnes décédées là-bas, de froid, soif, faim ou tout simplement exécutées. Lorsque l’on se promène dans le centre de Weimar entre ses jolis bâtiments colorés, il paraît fou de penser, qu’à à peine 10 minutes de là eut lieu l’Horreur, avec un grand H.
Pourtant, un bus, la ligne 6, affiche « Buchenwald » comme terminus et lorsque l’on monte dedans, il nous conduit sur une route qui s’enfonce toujours un peu plus dans la forêt et monte en haut de la colline pour finalement s’arrêter sur un plateau où le temps semble s’être arrêté.
Samedi 11 avril dernier, l’ambiance était particulière, plus lourde d’émotion que d’habitude peut-être (et pourtant !). En effet, ce samedi-là une cérémonie avait lieu pour les 70 ans de la libération du camp. À cette occasion, 80 survivants de Buchenwald s’étaient rassemblés, venus de tous les coins d’Europe. À 15h15, heure officielle de la libération, une minute de silence a été respectée.
De la musique dans l’enfer
Après la cérémonie à Buchenwald, une « longue nuit de la mémoire » était organisée au théâtre national de Weimar afin de permettre un échange entre ceux qui ont survécu et ceux qui n’ont pas connu; permettre à ceux qui ont vu de témoigner, encore et toujours. Pour ouvrir la soirée, le Big Band de l’école de musique de Weimar jouait du jazz, plus précisément Glenn Miller, en honneur aux musiciens qui vécurent dans le camp.
En effet, un groupe de jazz avait été formé à Buchenwald. Selon l'idée "la musique adoucit les mœurs", il était autorisé de jouer de la musique afin d'éviter toute révolte. Ainsi, les prisonniers du camp furent les seuls en Europe à jouer le célèbre
« In the mood » de Glenn Miller durant la Seconde Guerre Mondiale.
70 ans et après?
Mardi 14 avril, les cérémonies sont terminées et le camp est vide. Cependant, les fleurs aux couleurs vives réparties un peu partout contrastent avec le gris du béton et semblent affirmer que non, on n'oubliera jamais mais que la vie continue et que d'autres combats sont encore à mener.
Retour à Weimar, les chevaux continuent de battre le pavé de leurs sabots, les statues de Goethe et Schiller sont toujours fièrement postées devant le théâtre et un groupe de touristes se délectent de Bratwürste, des saucisses spécialités de la région.
Le camp semble bien loin, et si le quotidien suit son cours dans cette petite ville lourde d'histoire, c'est peut-être justement la mémoire de ces événements qui lui permet maintenant de se tourner avec assurance vers le futur.
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Publication : Mercredi 22 Avril 2015
Illustration : Buchenwald, un des plus grands camps de concentration en Allemagne