Astropolis #21 - La plus magnifique des Breizh Rave
Retour sur le meilleur festival de musiques électroniques de France. D'une rave sauvage à la croisière Midi-Deux en passant par Beau Rivage jusqu'au Manoir de Keroual.
Cela faisait plusieurs semaines que nous préparions et frémissions à l’approche de la 21ème édition d’Astropolis. Quand le jour J arrive enfin, c’est kits-micro sur l’épaule, sac sur le dos et sourires en bandoulière que nous filons à l’Ouest, direction le bout de la Fin de la Terre : Brest. Après quelques problèmes techniques avec la SCNF de Rennes, c’est un soleil gris mais chaleureux qui nous accueille à notre descente du train. Il est 17h et l’on sent déjà autour de nous une atmosphère familiale accompagnée d’une forte excitation pré-festival.
Un démarrage à 1000 bpm
Quand John Talabot prend le relai c’est une salle en sueur et en joie qui l’accueille. Contrairement à mes souvenirs, le public de la Suite c’est trouvé cette fois-ci être très respectueux des raveurs et des Dj, même de Talabot qui n’a pas « lâché les weapons ». Ambiance breizh mésopotamie très agréable. 3h du matin c’est l’arrivée de l’allemand-qui-fait-des-sets-controversés Recondite pour un live comme il sait les faire en plein peak time. Son live techno/house intimiste, mental et progressif a fait largement son effet : les derniers t-shirts tombent. «On se serait cru à Ibiza» m’ont dit certains de la team «Recondite c’était mieux avant »… Si Ibiza c’est comme ça tous les jours moi je signe.
Arrive le tour du boss du label Mistress Recordings : DVS1. Encore une fois les avis sont mitigés, ne prenez pas le mien pour état de fait mais : je mets le kick / j’enlève le kick… jemetslekickjenlèvelekickjemetslekickjenlevelekick jemetslekickjenlèvelekickjemetslekick… la Techno-Autoroute -même bien mixée- ça va bien deux minutes. On prend nos lianes et on quitte l’Amazonie, heureux quand même.
Brest et sa Mer
Shout out à vous les danseurs/danseuses hors pairs qui arrivent à donner de l’énergie à toute une salle, et shout out à vous les joueurs de verres-tapés-sur-les-poteaux. On a des coups de soleil et des acouphènes mais on est heureux, on fait parti des privilégiés qui viennent de passer un des meilleurs moments de fête de tout le festival. (Retrouvez un interview de Florian, Calcuta et Théo Muller à l’occasion de cette croisière dans Technosaurus à la rentrée)
Pendant ce temps, sur la terre ferme, le Château de Brest vibre et tremble depuis 12h30 au rythme des kicks et des cris des festivaliers. Pas le temps d’avaler un dessert que nous voilà à Beau Rivage, dans cet open-air improvisé au milieu d’un spot de haute volée. Petit tour d’horizon : quand notre regard n’est pas porté vers le grand large, nous pouvons nous retourner et admirer les déambulations des festivaliers sur la butte entre les deux grands remparts où des amoureux viennent s’isoler pour danser enlacés sur les beats saccadés. Pieds nus dans l’herbe, bière à la main, tête dans les nuages, on chill, on danse, on aime.
Calice ! Du beau monde à Astro !
La jolie découverte de l’après-midi viendra avec un artiste au nom de code un peu étrange : Kiwisubzorus. Ce rennais, issu du tremplin Grand Ouest d’Astropolis, est le seul qui délivrera une prestation ingénieuse où kicks, claps et basses s’entremêleront habilement devant une foule toujours plus massive. Ayant du pain sur la planche et une soirée à préparer, nous quittons Beau Rivage aux côtés de Blutch (interview à retrouver sur le site de Prun’ dans les prochains jours) . Heureux et les pieds déjà ready pour l’épreuve de Keroual, le public Brestois nous prouve que même par vent froid, ces gars-là sont super chauds.
La vieille pierre qui vibre
Ça y est, ce soir c’est au Manoir de Keroual qu’on va rave-uper. Les rues de Brest sont criantes et chantantes, on suit les sifflets et les déguisements pour trouver le point de rendez-vous des transports : c’est l’heure de passer la traditionnelle épreuve de la navette. La dose de folklore ayant été administrée à toute personne consentante ou non, nous arrivons sur le site du festival. C’est dans les -très inhabituelles- looongues file d’attente pour accéder au site que nous profitons de la fin du très bon set de Knappy Kaisernappy qui ouvra la Cour. Élue révélation du festival, Knappy a su chauffer les articulations de tous ses spectateurs pour 12h de danse non-stop.
C’est autour de l’anglais de Bristol Kowton de faire vibrer les vieilles pierres du Manoir. Pendant une heure, tous ses potos de la team UK y passent : Barnt, Bruce, Randomer, Peverlist, Hodge, Batu, Objekt, Bass Clef… Une heure de compil’ hit 2014 UK, mais une heure extrêmement bien menée. La Cour se remplie et commence à devenir in-dansable, preuve de l’efficacité du set de monsieur Joe. Il laisse les platines au « mystérieux » Kolde (coucou Electric Rescue) pour un live d’une froideur et d’une brutalité totalement inattendue. Des Dj qui font des sets de « techno froide et mélodieuse » il y en a des dizaines, mais celui-là… Je ne m’attendais vraiment pas à ressentir une telle identité dans son live. L’ambiance voie lactée au dessus de nos têtes x lasers unicolores n’arrange rien au fait que c’était unique et gigantesque. Grosse claque du Roi des Glaces.
Breizh Rave, la fin des Fest Noz ?
Pas envie de voir Robert Hood et son live hybrid performance alors on court comme des gazelles devant le magnifique manège-de-la-liberté puis on rejoint le chapiteau Mekanik pour voir la fin de The Bug et surtout le live des gars de Minimum Syndicat. Et c’est là que les choses se passent. Sous le chapiteau, une pluie d’acid et un tonnerre de kick, des gens heureux et ayant de la place pour danser, ça y est on y est : C’est la Breizh Rave.
De la rage, de la fête, de la liberté, des hernies discales. Meilleur moment de tout le festival. Minimum Syndicat nous laissent trop vite et tendent les platines à Manu Le Malin. Le coquin nous fait languir pendant une bonne dizaine de minutes, les esprit s’échauffent… puis redescendent. On ne restera pas longtemps à danser sur de la hardtek car c’est l’heure de Marcel Fengler dans notre Cour adorée (ou plutôt sur notre « bute au dessus de la cour » adorée, les vrais sauront). La transition Minimum Syndicat/Marcel Fengler est un peu difficile, mais nos muscles retrouvent tout leur entrain quand le Berlinois droppe l’hymne de Technotronic : Pump up the Jam.
C’est ensuite Paul Woolford (aka Special Request) qui sera chargé de faire la bande son du lever de soleil. Une bande son mi-house pas enivrante, mi-techno mollassonne qui m’a personnellement très déçue. Lil Louis (qui n’a toujours pas retrouvé l’ouïe) clôturera la Cour d’un énorme coup de matraque pas très bien calé mais bien mérité. Une légende dirait qu’il aurait encore fini à poil sur ‘Spastik’, la roulette de Plastikman. L’épreuve de Keroual se termine au Chill-Out, sous la chaleur des 1ers rayons de soleil Bretons. Le magicien Pipholp joue alors un set micro-house plus que planant. Les derniers ravers debout se dandinent de manière asynchrone devant les enceintes, d’autres ferment les yeux assis ou à terre.
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Article réalisé par Johan Mabit
Publication : Vendredi 07 AoûT 2015
Illustration : Astropolis
Crédit photo : © Alban Gendrot