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¯\_(ツ)_/¯

Albator, corsaire de l'espace : Héros ou Eros ?

Le festival de science-fiction des Utopiales proposait en avant-première le film très attendu "Albator, corsaire de l'espace". Visite dans l'imaginaire un peu foutraque d'une fan d'Albator...

Albator, le film en 3D

Albator, un des personnages de manga les plus marquants de ma jeunesse, revient en film en décembre prochain. 

Au prix de quelques heures d’attente, noyée dans une foule d’aficionados, majoritairement masculins, constituée de geeks hasardeux avec des étoiles dans les yeux et de pères de famille parlant avec engouement à leurs fistons sceptiques d’une série dont ils ignorent tout, électrisée et impatiente, j’ai pu le voir en avant-première, en version longue et en V.O au festival de science-fiction des Utopiales.

 Revisité par Shinji Aramaki, délivré en partie de ses traits d’adolescent par la magie de la technologie, et transcendé par la motion capture, je sais aujourd’hui, avec le recul, ce qu’éveillait en moi la crinière brune et la balafre sexy du mystérieux capitaine Albator, pirate de l’espace, caché dans son immense cape et ceinturé de têtes de mort…

Albator, à la fois série dystopique et havre de libéralisme 

Albator, de son nom original Captain Harlock, manga créé en 1969 par le japonais Leiji Matsumoto, est une série récurrente et incontournable de la science-fiction. Sans aucun doute, une des précurseurs du concept récent de dystopie (contre-utopie).

Melting-pot aussi riche qu’inépuisable d’œuvres d’anticipation sociale peignant un avenir aussi dark qu’inévitable, critiques cinglantes du capitalisme actuelle ou de certaines idéologies totalitaires, mises en garde frontales de notre démesure égoïste de misérables humains, menant tout droit à la perte, au chaos et à la destruction de notre planète, vivier intéressant de messages subliminaux pro-écologie, plus captivants les uns que les autres… La dystopie, qu’elle soit littéraire ou cinématographique, semble aujourd’hui être l’apanage des artistes, pour notre plus grand bonheur.


Pas question pour moi de spoiler le film, mais on le sait, Albator, lui, oxymore s’il en est, est un hors-la-loi à la fois humaniste et sans pitié.

Si la liberté a un prix, alors il est prêt à le payer, renégat sacrificiel de l’univers, condamné à errer sans fin dans l’immensité de l’espace aux commandes de son vaisseau, ici, l’Arcadia. 

Il représente cette image rassurante du héros imbattable et invaincu, qui lutte avec une détermination sans failles, et pour l’éternité, contre la corruption et l’injustice qui gangrènent tous les systèmes et tous les peuples. 

Albator, héros torturé dans un univers encore plus dark

Sans doute est-ce là que se reconnaissent les petits garçons d’hier, aujourd’hui devenu adultes. Ce combat pour la liberté à tout prix, comme un dû nécessaire à l’homme et à son épanouissement. La liberté pour Albator, se doit d’être sans contrainte, pleine, entière, en tout cas à portée de choix. 

Alors, Albator, figure emblématique d’un anarchisme contrôlé et serein (oxymore, toujours !), néo-libertaire-métalleux, se revendiquant sans le savoir d’un journalisme moderne car prônant la plus belle des libertés : celle de ne pas être dans l’ignorance.


Albator pourtant, n’est en aucun cas un énième héros policé et affadi par l’image surfaite que l’on se fait du héros. Albator est un solitaire, torturé par les fantômes du passé, hanté par la peur de mettre en danger un équipage toujours plus dévoué, un homme mystérieux et taciturne, traits de caractère subtilement et intelligemment accentués dans le film de Aramaki. 

Le Albator de 2013 peut se permettre, sur grand écran, et parce que son public premier a grandi (vieilli ?), et c’est tant mieux, un environnement toujours plus empreint de noirceur.

Le mystère Albator, ou comment un borgne à la cicatrice démesurée, avec parfois des accents d’androgynie, provoque les premiers émois d’une pré-adolescente. 


Mais Albator, à travers mon regard féminin, passe outre la dystopie ambiante et le message finalement optimiste de survie de l’humanité, pour voir plus loin. Dans une salle bondée à dominante de testostérone, suis-je la seule à percevoir la portée quasi érotique du phénomène, qui se veut pourtant finement distillée ? Albator est sans aucun doute un des héros les plus séduisants du monde des mangas, mélange subtilement savant de mystère, de solitude, d’élégance sombre et nébuleuse, parlant peu mais toujours écouté, forçant l’admiration par son intégrité inébranlable et sa présence altière. 

Albator, condensé de masculinité positive parfaite, aux pointes androgynes, fantasme hallucinant du bad boy banni intouchable aux cicatrices visibles et invisibles, mélange de grunge et de classe, look improbable de pirate sexy.

Eros dans toute sa superbe à la fois perdue et conservée, héros dissident tenant debout par la force de ses principes, par la volonté de ses idées, héros sombre brisé par une histoire douloureuse (mais chut…).

De Nausicâa à Miimé, des personnages féminins assumés

La blonde Nausicâa, ici rebaptisée Kei, seconde du capitaine Albator, qu’elle soit en train de se doucher ou moulée dans une combinaison rose fuschia-tête-de-mort mettant en avant ses attributs « très manga », respire à chaque image l’amour inconditionnel qu’elle porte à son capitaine, lui-même indifférent au charme doucereux de la dévouée beauté. 

Mais attention, la série Albator ne relègue pas les personnages féminins à de simples faire-valoir. Seconde du vaisseau, et jolie à croquer, Kei est une battante, indispensable et respectée, prête à mourir pour la liberté et l’idée qu’elle s’en fait, et pour son capitaine.


Et l’invulnérabilité de l’Arcadia tient au pouvoir du second personnage féminin, Miimé (ou Mima), unique survivante du peuple des Nibelungen, confidente et amie d’Albator, extraterrestre mystérieuse et évanescente, toute en courbes bleutées magistrales de féminité, cascade de cheveux vaporeux lui frôlant les chevilles, être à la fois pure et dénudée, joueuse de harpe, la légèreté incarnée, chimère surprenante et désirable. 

Elle est la seule que nous pouvons voir en compagnie d’Albator dans les appartements privés de ce dernier, sirotant un verre de vin, l’alcool étant le seul de ses aliments. 


Elle seule possède le pouvoir de contrôler l’antimatière (ou matière noire), sorte de fumée dont est auréolé le vaisseau l’Arcadia à chacune de ses sublimes apparitions, vaisseau tout en longueur, orné à l’avant d’une gigantesque tête de mort aux yeux rouge sang. 

Cette apparition récurrente et surréaliste est sans doute l’une des plus belles images du film, tel un monstre d’acier phallique émergeant de l’inconnu, au milieu d’une matière noire enveloppante et protectrice. 

Héros de mon enfance, Eros de ma trentaine

Albator, capitaine mercenaire à la beauté sauvage, pirate intergalactique, marqué par les blessures, visage strié par sa cicatrice, héros mystérieux caché en partie par sa chevelure nirvanesque et sa cape noire, homme sombre, homme de Liberté et de convictions, légende vivante errant dans l’infini de l’espace, dessiné comme une incarnation de fantasme, hallucination érotique, davantage source de désir grâce au réalisme de la motion capture, secondé par la joliesse blonde d’une femme aimante, douce et guerrière, ami avec une beauté extraterrestre exsangue ne se nourrissant que d’alcool, elle-même permettant à un vaisseau sombre aux allures péniennes de surgir brutalement d’une matière inconnue aux pouvoirs incommensurables…


Au-delà de cette libido sous-jacente que dégage le film, Albator, corsaire de l’espace, est une œuvre emblématique et captivante pour les nostalgiques, et un space-opera prenant, à l’esthétisme magistral, pour les autres générations.

Albator, héros de mon enfance, Eros de ma trentaine… 


 « Albator, corsaire de l’espace ». Sortie tel un cadeau de Noël le 25 décembre prochain, en 2D ou en 3D. (Titre original « Space pirate, captain Harlock ») Une production TOEI Animation.  


albator / cinéma

Article réalisé par Elsa Gambin

Publication : Mardi 12 Novembre 2013

Illustration : Albator, le film en 3D

Crédit photo : albator





Commentaires

nagalingom guillaume - 16/03/2014 11h22



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